40 ans de la COI : Rencontre avec Mme Jeannette d’Offay |21 December 2022
Mme d’Offay
« La COI essaie et continue d’essayer de réunir les gens des îles »
La Commission de l’Océan Indien (COI) célèbre ses 40 ans ce mercredi 21 décembre. La COI est une organisation intergouvernementale qui regroupe cinq États membres : l’Union des Comores, la France au titre de La Réunion, Madagascar, Maurice et les Seychelles.
Ce sont Maurice, Madagascar et les Seychelles qui avaient acté la création de la COI en 1982 avec la signature de la Déclaration de Port-Louis. Ensuite, la COI a été institutionnalisée aux Seychelles en 1984 par l’Accord général de coopération, plus connu comme « l’Accord de Victoria ».
Pour les 40 ans de la COI, Seychelles NATION a rencontré Mme Jeannette d’Offay qui a été le plus ancien des Officiers Permanent de Liaison (OPL). Elle a été le premier OPL des Seychelles pour la COI.
A la retraite en ce moment, Mme d’Offay relate ce qu’elle a vécu pendant toutes ces années avec la COI.
Seychelles NATION : Si vous pouvez vous présenter à nos lecteurs.
Mme d’Offay : Je suis mariée et j’ai deux enfants. Le dernier poste que j’avais avant de prendre ma retraite était au Ministère des Affaires étrangères.
Seychelles NATION : Vous étiez parmi ceux qui ont témoigné la signature de l’Accord général de coopération, plus connu comme « l’Accord de Victoria en 1984 ». Décrivez-nous ce moment historique.
Mme d’Offay : La Déclaration de Port-Louis était paraphée à Maurice en 1982 et c’était l’Ambassadeur Callixte d’Offa qui avait assisté à cela. Par contre, j’avais assistée à la signature de l’Accord de Victoria lors d’un Conseil des Ministres en tant qu’OPL. Pour nous c’était intense et nouveau, car on connaissait à peine les îles de l’Océan Indien et il n’y avait pas vraiment de collaboration entre les îles. C’était une occasion pour les îles de voir comment travailler ensemble et pour le bien-être de leurs citoyens.
Seychelles NATION : Vous étiez aussi le premier Officier Permanent de Liaison des Seychelles pour la COI, racontez-nous votre expérience.
Mme d’Offay : Après la signature en 1982 on devait nommer un officier de liaison et c’est là que j’ai été nommée. C’était une expérience enrichissante et j’ai eu l’occasion de connaitre les îles de l’Océan Indien et les gens de ces îles. On a eu l’opportunité de discuter ensemble et de voir comment collaborer pour faire marcher les choses.
Chaque année, la COI faisait des réunions dans l’île qui tenait la présidence et les OPL avaient la chance d’atteindre à toutes ces réunions et aussi de visiter les îles pour mieux connaitre les projets qui s’y déroulaient. Pendant plusieurs années ‒ de 1983 à 2013 ‒ j’étais l’OPL pour les Seychelles.
Seychelles NATION : Racontez-nous le début de coopération entre les îles de l’Océan Indien ; est-ce que toutes les îles étaient partantes pour devenir une force dans la région ?
Mme d’Offay : Oui, elles étaient partantes et elles avaient toutes leur agenda. Au fur et à mesure on a appris comment travailler ensemble et voir comment renforcer ce qu’on faisait au niveau régional sur un plan national. Les Comores avaient adhérer la COI en 1986 et avant de créer le secrétariat, le gouvernement Australien avait financé une tournée pour les OPL dans les régions où il y avait déjà de la coopération régionale. Nous avions la chance de visiter les Fiji, le Samoa entre autres.
Seychelles NATION : Racontez-nous quelques anecdotes que vous avez vécues ou qui vous ont marquées pendant que vous représentiez les Seychelles sur la COI.
Mme d’Offay : Le premier sommet que nous avions eu à Madagascar était un moment fort. C’était un grand moment et tous les Chefs d’Etat étaient pour travailler ensemble, continuer cette coopération et de la développer au fur et à mesure. Tous les représentants des différentes îles se sentaient unis et prêts à travailler ensemble.
Seychelles NATION : Est-ce que vous croyez que la COI a créé sa place au sein des administrations des pays ?
Mme d’Offay : Oui. Au début ce n’était aussi facile, car les pays avaient leurs propres priorités et ce n’était pas facile de faire passer l’idée qu’il fallait voir au niveau régional et essayer de budgéter quelques sous pour les projets de la COI. C’est vrai que les projets sont principalement financés par les organisations internationales mais au niveau national il fallait une contrepartie. Au début, ce n’était pas facile mais après ils ont compris la nécessité de budgéter pour ces projets qui contribuaient au niveau national. Les pays payent seulement une contribution et ce n’est pas suffisant pour mener à bien les projets.
Seychelles NATION : La COI travaille avec plusieurs instances internationales. Pensez-vous que ces collaborations portent des fruits ?
Mme d’Offay : Oui elle travaille beaucoup avec les instances internationales et je pense que ces collaborations portent ses fruits. Nous avons témoigné cette collaboration dans le domaine de la météorologie ainsi que pendant la période de la pandémie. Les îles se tenaient au courant des développements et aussi des progrès. Il y a un vrai travail de collaboration entre les différentes îles.
Seychelles NATION : Pensez-vous que la COI a reçu ou est en train de réussir son mandat ?
Mme d’Offay : Je pense que oui même si ce n’est pas à grande ampleur. La COI essaye et continue d’essayer de réunir les gens des îles.
Seychelles NATION : Vous avez été dans les Affaires étrangères jusqu’à votre retraite et votre boulot était de servir votre pays en permanence. Comment voyez-vous le développement des Seychelles pendant toutes ces années sur la coopération régionale ?
Mme d’Offay : Je crois qu’on a fait pas mal d’avancées. Les Seychelles bénéficient de toutes ces organisations dont elles sont membres. Nous essayons d’apporter notre soutien et aussi de grandir d’année en année.
Seychelles NATION : Votre famille dans tout ça ?
Mme d’Offay : Je suis mère de deux enfants et quand j’ai commencé à travailler dans les Affaires étrangères j’ai commencé à voyager beaucoup. Mes deux enfants étaient très jeunes mais ma famille ne m’empêchait à aucun moment de travailler. Ma famille m’a soutenue tout au long de ma carrière. Mon fils était aux Affaires étrangères mais il a changé de métier et ma fille est enseignante.
Seychelles NATION : Maintenant à la retraite, que fait Mme D’Offay ?
Mme d’Offay : Je m’occupe de la maison, je cuisine et je lis beaucoup. Je me suis déplacée pour aller visiter ma sœur en Australie et visiter le Vietnam. Pendant la pandémie, j’étais à la maison avec mon fils et ma fille qui n’habite pas très loin de ma maison venait me rendre visite. Tous les jours je suis les nouvelles.
Seychelles NATION : Quel est votre souhait pour la COI ?
Mme d’Offay : Je souhaite que la COI continue à se progresser et qu’elle continue à aider les îles à collaborer et à s’entendre.
Mme d’Offay souligne qu’il n’y a pas beaucoup de Seychellois qui travaillent ou qui ont travaillé pour la COI et qu’elle encourage les Seychellois à prendre un intérêt dans la COI et son développement. Jusqu’à présent il y a eu les Secrétaires Généraux – Jeremie Bonnelame et Callixte d’Offay ‒ et Mme Gina Bonne qui est toujours à la COI.
Propos receuillis par Vidya Gappy
Photos : Mme d’Offay et Patrick Joubert
