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Archive -Seychelles

UP-CLOSE … Gérard Patti, le propriétaire du restaurant Café de l’horloge |16 August 2016

« Aux Seychelles, quand tu entreprends et tu travailles, tu réussis ! »

 

Par Michèle Félicité

 

Assis à la terrasse du Café de l’horloge, en plein cœur de Victoria, décontracté et simple, son propriétaire a partagé avec nous une tranche de vie. Sauvage, naturel, heureux comme un poisson dans l’eau aux Seychelles, allons à la rencontre de ce personnage solitaire et travailleur.

 

Qui êtes-vous ?

Je suis Gérard Patti, j’ai 62 ans et je suis originaire de Cannes. Mon épouse et mes deux enfants résident actuellement en France. Pour les voir, je joins l’utile à l’agréable, tous les deux mois, je rentre les retrouver et je profite, également, pour rencontrer mes fournisseurs, majoritairement sur la Côte-d’Azur.

 

Comment a germé l’idée de vous installer aux Seychelles ?

Mon père est venu s’installer pour sa retraite en 1990. Il y a 26 ans déjà. Je venais régulièrement en vacances et j’ai commencé à prendre goût aux Seychelles. A l’époque, j’avais trois restaurants à Cannes. Les difficultés sociales, fiscales et administratives grandissantes en France ont été l’une des raisons pour laquelle je me suis lancé dans l’aventure d’entreprendre aux Seychelles en 1998. J’ai démarré avec « La cave à vins » au Premier Building à Victoria. Je faisais le « va et vient » entre la France et Les Seychelles. Puis, en 2000, je découvre cet emplacement près de la « clock-tower » qui n’était qu’un hangar avec une terrasse. Je me lance dans le pari de l’acquérir, avec envie, et d’en faire un restaurant pour ma fille et mon gendre. La vie, parfois, nous réserve des surprises.

Cela ne se passe pas toujours comme l’on souhaite ! Ma fille s’est séparée de son conjoint et est partie pour Tahiti, en Polynésie française. Alors, que faire ? J’avais engagé de gros frais et j’avais acheté les murs. Alors en tant que propriétaire du restaurant « Le rendez-vous » et de « La cave à vins », j’ai pris mon premier grand rendez-vous avec les Seychelles et je suis venu m’installer définitivement en 2001. En 2005, je vends mon affaire de vins et je me concentre sur le restaurant. J’ai vraiment conscience, à ce moment-là, que les affaires sont plus faciles à mener aux Seychelles. Tout est plus avantageux, socialement, fiscalement et administrativement parlant. Je suis emballé par le climat. Changer les palmiers et les remplacer par des cocotiers, pourquoi pas ?

A Cannes, c’est plus sophistiqué, la croisette, le festival du film…etc. Cela correspond peu à ma personnalité. Ici, aux Seychelles, je suis dans mon élément naturel, comme un poisson dans l’eau… Quand on aime où l’on est et ce que l’on fait, on ne peut être qu’heureux. Je suis vraiment heureux ici. Je suis agréablement surpris qu’il n’y ait pas de racisme ambiant comme d’autres pays du monde, surtout au vue de l’actualité. Aux Seychelles, le mélange de cultures, de « races », si je puis dire, de langues…trouve un point d’harmonie que je n’ai pas retrouvé ailleurs. Quand vous atterrissez à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle en France, cela vous ramène à une dure réalité qui n’a rien à voir avec le vivre ensemble seychellois.

 

Comment réussir son intégration et ses affaires aux Seychelles ? C’est une culture différente ?

Bientôt 20 ans aux Seychelles…c’est extraordinaire ! Je me suis parfaitement intégré. Je suis un solitaire, avant tout, et j’ai quelques amis. Je me consacre à mon travail que j’aime. C’est bien vrai, aux Seychelles, la culture est différente, les habits, l’hygiène de vie, le mode d’alimentation, la façon de manager le personnel et de gérer ses affaires, tout est différent ! Selon mon expérience, et cela ne tient qu’à moi, sentimentalement, se lancer dans un couple mixte est particulièrement difficile. J’ai vu l’expérience de mon père, qui s’est séparé au bout de 20 ans de vie commune.

Autour de moi, des couples, toujours mixtes, ne se comprennent vraiment pas et se séparent, surtout pour une question de différence culturelle. Je n’en fais pas une généralité, mais je suis juste dans le constat. Peut-être que cela fonctionne pour certains ? C’était un point critique à aborder. Alors, savoir qu’il n’y pas de grandes distinctions de saisons est important. Le climat est agréable toute l’année, moi qui n’aime pas la neige et le froid, ici, je suis bien. Je suis un peu « sauvage », je suis seul et cela me convient. Je me consacre à mon travail en permanence.

 

Et les inconvénients alors ?

Par rapport à mes activités de restaurateur au travers du « Havannah » et de « La Belle Epoque » à Eden Island avec « Le Café de L’horloge » au cœur de Victoria, je dirai que la gestion du personnel est assez difficile. Il y a 15 ans de cela, ce n’était pas le cas. Les jeunes ne veulent plus travailler, hormis quelques exceptions. Trouver du personnel n’est pas simple et le turn-over est important. De temps à autre, je ferme un établissement, car le personnel est absent ou en arrêt maladie. Entre Facebook et les amusements, la tenue vestimentaire, le travail et le téléphone portable, je me suis « cassé la tête » pendant un long moment à trouver des solutions ou à interdire.

Maintenant, je laisse faire…ça marche bien comme ça. Avec 50 employés sur les trois restaurants, je n’ai qu’un seul expatrié. Je suis pour le salariat seychellois. D’ailleurs, j’ai été félicité par la Ministre de l’emploi et du développement des ressources humaines. A Eden Island, la clientèle est plutôt internationale, le personnel doit s’adapter. Je compte faire une transformation et réunir les deux établissements en un seul. Je ne regrette rien aux Seychelles, si c’était à refaire, je le referais !

 

Et la retraite ?

Pour ma retraite, je veux rester ici. Nous avons l’air le plus pur du monde, selon une enquête récente. Il est important d’avoir conscience de la qualité de vie et des facilités que l’on a ici, autant pour les Seychellois que pour les étrangers. Je vais à Maurice pour jouer au golf, occasionnellement, et je peux vous dire que je vois la pauvreté. Ici, cela n’a rien à voir. Pour moi, Les Seychelles, c’est le paradis. Pour mes affaires, j’ai l’avantage d’un système bancaire européen, pour mes achats et mes finances, sans en avoir les inconvénients localement. Je voudrai rajouter aussi que malgré la carte postale, le fléau de la drogue et la perte de la place du français à différents niveaux représentent des défis pour Les Seychelles de demain. Pour autant, dans le monde entier, le langage des affaires reste l’anglais. Un certain équilibre est à trouver. Pour ma retraite, Maurice, juste à côté, est francophone et francophile, alors cela reste un avantage pour moi, quoiqu’il se passe, de rester aux Seychelles.

 

Avez-vous demandé la nationalité seychelloise ?

En 2000, j’avais fait deux demandes qui ont été refusées. En 2013, j’ai refait la demande et je suis fier et content d’avoir obtenu la nationalité seychelloise. Alors, je suis binational, franco-seychellois. Ce n’est qu’un papier diront certains, pour moi, cela me permet de travailler et de continuer à me développer.

 

Un message à partager ?

Oui, j’étais à Nice lors de l’attentat du 14 juillet 2016…Que les Seychelles continuent son intégration parfaite entre les religions et les communautés. Dans le monde, c’est différent. Aux Seychelles, il existe une forme de liberté de pensée et de paroles, c’est une chance plus qu’en France. Préservez ce paradis culturel, idéologique et climatique ! Gardez ce multiculturalisme et cette harmonie ! Aux Seychelles, quand tu entreprends et tu travailles, tu réussis !

 

 

 

 

 

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