Grand succès de la seizième édition des Jeux paralympiques |04 September 2021
Les sportifs handicapés sont des êtres exceptionnels !
La ville de Tokyo qui, après les Jeux Olympiques, a reçu, les Jeux Paralympiques, vit mal la situation actuelle. En raison de la pandémie, les organisateurs ont pris des décisions drastiques.
La grande fête s’est encore déroulée à huis clos. Les habitants de la mégalopole se sentent frustrés d’autant plus qu’ils respectent à la lettre les décisions prises par leur gouvernement sur le plan sanitaire.
Le Covid regagne du terrain et il ne faut pas tolérer le moindre écart. C’est pour cela que les membres du Comité International Olympique qui ont fait une incroyable requête, celle d’entrer dans l’archipel sans être mis en quarantaine, ont focalisé toutes les rancœurs des Japonais. Ce passe-droit repris par tous les médias du pays a provoqué un véritable tollé dans la population. Lors des Jeux de juillet, des photos des membres du CIO se promenant dans les rues de quartiers riches donnaient l’impression de dirigeants déconnectés de la réalité. Le Covid voyage toujours et depuis le début août 4 500 cas par jour représentent le triple du nombre de cas recensés depuis le début de la pandémie commencée en mars 2020. La maire de Tokyo a demandé aux habitants de la ville de ne pas sortir avant le 12 septembre. Les jeunes, comme dans beaucoup de pays du monde, veulent faire la fête. Les autorités japonaises souhaitaient que les Jeux puissent se disputer dans les meilleures conditions, c’est ce qui explique la défiance envers les élites qui ne respectent pas les conditions sanitaires imposées.
Malgré tout, les compétitions se sont bien déroulées. Les enfants japonais étaient à la fête et la promotion pour les Jeux a été bien étudiée puisque la chaine nationale NHK a proposé depuis le début de l’année des dessins animés expliquant chaque discipline paralympique. Pendant la durée des Jeux ce sont 500 heures de reportages qui ont été proposées au public.
Les Jeux pour paralysées en fauteuil datent de 1948
L’annulation du passage de la flamme Olympique à travers le pays, le huis clos dans les salles et les stades, les restrictions sanitaires, l’état d’urgence dû à l’augmentation des cas de Covid n’ont pas empêché le succès de ces Jeux. La magie du sport a bien fonctionné depuis le début de la compétition. L’enthousiasme est bien présent. Cette grande fête Olympique est attrayante sur le plan humain et sportif.
Officiellement les Jeux Paralympiques ont été créés avec cette appellation en 1960 à Rome mais les bases de cette belle manifestation datent de 1948. Un neurochirurgien Allemand, Ludwig Gutman organisait des Jeux pour la première fois concernant des paralysés. Ils n’étaient que 2 femmes et 14 hommes à concourir. C’était au centre médical de Stoke Mandeville à 60 km de Londres qu’eut lieu la première compétition.
Les concurrents étaient d’anciens militaires blessés au cours de la dernière guerre mondiale.
Ce chirurgien, d’origine Juive avait été obligé de quitter l’Allemagne Nazie où sa vie était en danger en raison de sa religion. Après avoir soigné tous les grands blessés, ce médecin décida de les orienter vers la pratique du sport. C’est ainsi que les premières disciplines sportives comme le polo en fauteuil, le basket, le tir à l’arc, le tennis de table et le lancer de javelot furent proposés à ces handicapés qui retrouvaient le moral et la joie de vivre grâce à ces pratiques sportives.
Afin de convaincre les instances Olympiques d’organiser des Jeux adaptés aux handicapés, ce génial médecin s’est battu toute sa vie pour que les grands blessés puissent être respectés et vivre comme tout le monde. En unissant dans un mouvement sportif international avec un esprit joyeux ce bon docteur redonnera espoir et inspiration à des millions de personnes paralysées.
Des Jeux ouverts à tous les handicaps
Les athlètes paralympiques prouvent qu’il est possible de transformer un handicap en force. Qu’il soit physique, visuel ou mental, pour des sportifs nés avec une maladie congénitale ou dont la vie a été abimée de façon accidentelle il est toujours question de compétitions, de performances ou de records. Beaucoup de sportifs paralympiques sont devenus des athlètes de haut niveau alors qu’à la base ils n’étaient que de simples pratiquants « du dimanche matin ». Il faut admirer toutes ces personnes qui avant de se retrouver sur les stades, ont dû parfois lutter pendant des mois et des mois et même des années après avoir subi de nombreuses interventions chirurgicales et de longues périodes de rééducation.
Se retrouver du jour au lendemain sans bras ni jambes et vouloir se reconstruire nécessite une force de caractère exceptionnelle. D’ailleurs le physique et le mental sont indispensables pour retrouver après l’accident une vie normale. Depuis 1948 et ses premières compétitions, ces Jeux Paralympiques ont réussi leur mission, celle de donner un autre regard sur le handicap.
Bien sûr, puisque l’on parle de compétition, l’aspect matériel entre en jeu. Les prothèses sont dorénavant tournées vers la haute performance en devenant individuelles, résistantes et hyper souples. Il faut regarder un match de basket ou de rugby en fauteuil pour comprendre les technologies nouvelles. Le rugby a été créé au Canada ou cinq anciens hockeyeurs devenus paraplégiques ont créé ce sport sous le nom de « Murder ball ». Dans ce sport les chocs sont violents mais les joueurs arrivent à se mobiliser comme des pratiquants de tennis qui peuvent tout faire avec leur fauteuil.
Aujourd’hui il y a autant d’athlètes que de fauteuils
Depuis soixante ans le fauteuil a énormément évolué. D’une chaise dure et rigide, ce fauteuil est devenu un partenaire dont la technologie évolue en permanence. Cette pièce maitresse est mise au service de l’athlète handisports. Les roues et le siège sont personnalisés et étudiés par des chercheurs en biomécanique, d’ingénieurs et de médecins spécialistes.
La chaise d’hôpital à quatre roues et pesant parfois plus de 20 kg a disparue. Aujourd’hui les fauteuils tournent sur deux roues et le poids s’est nettement allégé. De ce fait les matches de basket, de tennis et tennis de table sont devenus spectaculaires et la technique des joueurs s’est nettement affinée. Par contre, pour la course il y a toujours deux roues mais une flèche centrale sur une troisième roue permet à l’athlète penché vers l’avant de gagner en vitesse.
Ces champions paralympiques devenus de véritables stars
La première « vedette » internationale d’handisport fût incontestablement le Sud-Africain Oscar Pistorius. Ce grand champion multi médaillé du monde et Olympique d’athlétisme voulait même concourir avec les valides. Malheureusement « la grosse tête », l’orgueil et la drogue ont conduit ce super champion vers la « case prison » où après une nuit particulièrement agitée il assassina sa compagne. Pistorius fût sévèrement puni lors de son jugement.
Heureusement, la plupart des champions paralympiques ont suivi un autre chemin. Les Jeux de Tokyo ont confirmé ou célébré l’avènement de véritables stars qui ont débordé le simple cadre du sport pour handicapés. Dans toutes les disciplines chaque lauréat doit être mis en évidence. Nous pourrions même ajouter que chaque athlète sélectionné pour Tokyo mérite une grande reconnaissance.
Malgré tout nous sommes bien obligés d’admettre que plusieurs grands champions qui ne furent même pas médaillés dans leur discipline, ont crevé l’écran.
Imaginez-vous jouer au tennis de table sans mains, c’est incroyable mais l’Égyptien Ibrahim Hamadtou le fait puisqu’il a perdu l’usage de ses bras.
Pour cela il n’y a pas d’autre solution que de prendre la raquette avec la bouche et de ramasser la balle avec ses orteils.
Pour les échanges de balles Ibrahim utilise la force de son cou. Sa tête peut être considérée comme un bras et sa bouche comme une main. L’exploit de ce champion est exceptionnel.
Il faudra peut-être interroger Francis Remie, le patron du tennis de table des Seychelles, de demander à ses joueurs d’utiliser cette technique afin d’effectuer la comparaison.
Dans tous les sports nous avons été impressionnés par cette force morale qui animait ces supers champions qui, après de longues périodes d’hospitalisation retrouvent une vie normale et gagne le respect de ceux qui les entourent.
Le sport est assurément le premier médicament de celui qui nait avec le handicap ou qui le subit à la suite d’un grave accident. La vie est belle et les Jeux Paralympiques ont apporté beaucoup de satisfactions. Battre un record du monde en athlétisme, en natation ou en cyclisme alors que l’on est amputé d’un bras, d’une jambe ou parfois des deux en même temps doit être considéré comme un exploit identique à ceux réalisés par des athlètes dits « valides ».
Aujourd’hui le handicapé doit être respecté comme tous les êtres humains. Toutes les activités peuvent être effectuées par ces personnes qui peuvent œuvrer dans de nombreuses activités professionnelles. D’ailleurs dans de nombreux pays un pourcentage d’emplois dans les entreprises doit être réservés aux handicapés. Les responsables de bureaux ou d’usines sont souvent satisfaites de travailler avec ces personnes.
Bien sûr il n’y a pas que le sport qui rend heureux. Nous avons été impressionnés par les performances musicales de Michel Petrucciani, un pianiste et compositeur de jazz français, handicapé de naissance par « la maladie des os de verre ». Michel a réussi malgré sa taille (99 centimètres) et les fractures occasionnées pendant ses concerts, à devenir un artiste de niveau mondial avant de décéder de sa maladie à l’âge de 36 ans.
La disparition de Jacques Rogge, l’ancien patron du CIO
Ce dirigeant est décédé fin août à l’âge de 79 ans. Chirurgien orthopédique et professeur de l’Université de Bruxelles et de Gand, il était un grand sportif. Il fut notamment international de rugby, champion du monde junior de voile et participa aux Jeux de 1968, 1972 et 1976. Ce travailleur acharné devint président du Comité Olympique de Belgique puis de l’Europe en 1989 et élu membre du CIO en 1991 tout en conservant ses activités hospitalières de chirurgien et professeur.
Avant de devenir président du Comité International Olympique, ce sacré bonhomme effectuait encore ses opérations chirurgicales et consultations quotidiennes.
En succédant à l’Espagnol Juan Antonio Samaranch cet amoureux de musique classique, admirateur de Gandhi et de Saint Exupéry allait moderniser pendant son mandat, les Jeux en apportant sa touche personnelle. La première décision fût économique en réduisant la taille et le coût des Jeux. Le programme fût réaménagé avec 28 sports au maximum, 10 500 athlètes qualifiés et un total de 300 épreuves. Le but était de permettre à de nouveaux pays notamment dans le Pacifique, en Afrique et en Amérique de pouvoir organiser une belle manifestation Olympique.
C’est aussi sous sa présidence que la lutte contre le dopage fût intensifiée avec notamment les contrôles inopinés permettant de détecter plus rapidement les fraudeurs. Jacques Rogge fût aussi le créateur des Jeux Olympiques de la jeunesse avec une cérémonie d’ouverture en centre-ville et l’admission comme ce fût le cas à Buenos Aires en 2018 de nouvelle discipline comme le Break-dance et skate. La même organisation se fera également à Paris en 2024. En 2009 Jacques Rogge obtint pour le Comité international Olympique un siège d’observateur à l’ONU.
Avec Jacques Rogge c’est un grand homme qui disparait.
Francis Herbet