Mayotte, l’Océan Indien et les enjeux partagés : la voix de la France portée aux Seychelles |26 April 2025

M. Thani Mohamed-Soilihi, Ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux (Photo : Joena Meme)
En marge de la 39e session ordinaire du Conseil des ministres de la Commission de l’Océan Indien (COI), qui s’est tenue récemment aux Seychelles, le Ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux, M. Thani Mohamed-Soilihi, a partagé ses impressions sur les enjeux abordés et les objectifs de sa visite dans l’archipel.
« Je me suis rendu aux Seychelles pour quatre objectifs principaux : Participer au Conseil des ministres de la COI, en préparation du sommet des chefs d’État à Madagascar, réaffirmer l’engagement de la France dans la région, promouvoir le Forum des îles à l’UNOC 2025 à Nice, et valoriser les excellentes relations bilatérales entre la France et les Seychelles », a déclaré le ministre délégué Mohamed-Soilihi.
Parmi les sujets sensibles, la représentation de Mayotte au sein de la COI reste un point de friction. Si la France est membre à part entière de la COI au titre de La Réunion, le ministre affirme que « Mayotte a aussi vocation à participer pleinement ». Le département pourrait bénéficier de certains programmes, comme ceux liés à la sécurité alimentaire ou la santé, mais selon lui, « la règle de l’unanimité qui régit la COI complique l’intégration officielle de Mayotte. Un seul veto suffit à bloquer toute avancée ».
Les discussions, bien que constructives, n’ont pas permis d’aboutir à l’adoption d’une déclaration finale sur ce point. « La France ne renonce pas. Nous continuerons à défendre cette cause avec conviction, y compris au sommet des chefs d’État », a assuré M. Mohamed-Soilihi, rappelant que la France finance environ 40% des programmes de la COI, à travers l’Agence française de développement (AFD), qui gère actuellement 125 millions d’euros de projets dans la région.
Le ministre a également mis en avant le Forum des îles, qu’il présidera en juin à Nice, à l’occasion du sommet des Nations Unies sur les océans (UNOC). « Ce forum réunira les petits États insulaires en développement ainsi que les territoires français d’outre-mer. Il s’agit de faire entendre la voix des îles face à des défis globaux tels que la montée du niveau de la mer, la perte de biodiversité marine, le narcotrafic ou encore les algues sargasses ».
Interrogé sur les différends territoriaux dans la région, M. Mohamed-Soilihi a tenu à distinguer les cadres de dialogue : « Ces questions sont traitées dans des formats bilatéraux, pas dans celui de la COI. Concernant Mayotte, je rappelle que c’est le seul territoire habité revendiqué par une autre nation. Or, les Mahorais se sont prononcés à plusieurs reprises pour leur maintien dans la République française. Ce choix fondé sur le droit à l’autodétermination doit être respecté ».
Des échanges sont en cours, notamment au sujet des îles Éparses ou de Tromelin, et une réunion entre les ministres des Affaires étrangères concernés est prévue après le sommet. « Le Président (Emmanuel) Macron privilégie toujours la voie du dialogue. Ces discussions avancent, même si elles ne figuraient pas à l’ordre du jour du Conseil des ministres de la COI », a-t-il précisé.
Par ailleurs, la question de la jeunesse régionale a été abordée : « Leur rôle est crucial. Nous avons évoqué les jeunes parlementaires de l’Océan Indien, qui portent une nouvelle vision de la coopération, plus inclusive et tournée vers l’avenir ».
En conclusion, M. Mohamed-Soilihi a rappelé l’attachement de la France à la région et l’importance de faire entendre la voix de Mayotte au sein de la COI :
« Ma voix est celle d’un ministre de la République, mais aussi celle d’un enfant de l’Océan Indien. C’est un symbole fort, et je suis convaincu qu’il finira par porter ses fruits ».
Vidya Gappy