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19ème Colloque Régional VIH/Sida, Hépatites et Addictions de la région Océan Indien |14 November 2023

19ème Colloque Régional VIH/Sida, Hépatites et Addictions de la région Océan Indien

« VIH au cœur des soins intégrés et accessibles »

 

Par Vidya Gappy

 

« J'interpelle nos partenaires bilatéraux et multilatéraux sur la nécessité de continuer à soutenir nos pays sur les plans technique et financier. Aujourd'hui, les Seychelles sont le seul État de l'Océan Indien à ne pas bénéficier de l'appui du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, le paludisme et la tuberculose. Nous demandons donc à nos principaux partenaires d'intensifier leurs plaidoyers afin que tous nos pays puissent accéder aux fonds disponibles, nous permettant ainsi de mieux relever les défis qui nous sont propres ».

C’est l'appel lancé par le Président Wavel Ramkalawan lorsqu'il a officiellement inauguré le 19ème colloque régional sur le VIH/SIDA, les hépatites et les addictions de la région de l'Océan Indien, ayant pour thème « VIH au cœur des soins intégrés et accessibles », hier au Savoy Resort & Spa.

Après quatre ans d'absence en raison de la pandémie de Covid-19, le colloque réunit environ 200 représentants des Comores, de Mayotte, de Madagascar, de Maurice, de Rodrigues, de La Réunion, des Maldives et des Seychelles, ainsi que des représentants d'organisations multilatérales et bilatérales, de gouvernements, du secteur privé et de la société civile.

Les différents secteurs impliqués dans tous les aspects du travail lié au VIH, y compris les soignants, la société civile, les personnes vivant avec le VIH/Sida/hépatite et les médias, saisissent cette opportunité pour poser des questions, échangent des idées, partagent les meilleures pratiques et se tiennent informés sur la prévention, les soins et le soutien du VIH et de l'hépatite.

Le Président Ramkalawan a aussi donné son assurance que ce nouveau colloque que les Seychelles ont organisé avec les autres partenaires, va, « une fois de plus, permettre de partager les récits de nos progrès et de nos défis tant collectifs que particuliers et discuter des voies à suivre vers l’horizon 2030. Le thème « VIH au Cœur des Soins Intégrés et Accessibles » a été bien pensé, à mon sens. L'intégration et l'accessibilité de nos systèmes de soins, ainsi que la disponibilité indéfectible de nos prestataires sont essentielles pour ces maladies qui exigent, certes, des soins bien centrés sur la personne ».

La nécessité de collaborer et de fédérer les efforts au sein de la région de l'Océan Indien est devenue évidente au niveau institutionnel, soulignant ainsi l'importance de la cohésion pour mettre en valeur nos atouts communs. Apprendre des expériences passées, partager les bonnes pratiques et éviter la répétition des erreurs sont au cœur de notre démarche collective.

La persistance de la transmission du VIH, des hépatites, et plus récemment, de la syphilis, dans plusieurs de nos pays, suscite des interrogations profondes. Pourquoi cette situation perdure-t-elle malgré nos moyens, connaissances, et la volonté collective ? C'est une question qui nous concerne tous, et cela soulève la nécessité d'une action renforcée nota le Président.

Ce dernier a donné l’assurance que les Seychelles s'engagent fermement à renforcer les structures de coordination multisectorielle de la réponse, soulignant l'importance de continuer à renforcer nos capacités pour provoquer des changements de comportement au sein de nos populations. « La prévention, le dépistage précoce et la prise en charge adéquate restent des impératifs.

« Les jeunes occupent une place centrale dans cette lutte. Nous les appelons à s'engager activement dans leurs communautés. En tant que génération d'aujourd'hui et de demain, ils ne sont pas invincibles face au VIH, aux hépatites et aux addictions. Ils restent vulnérables et doivent se protéger », a-t-il noté.

Le colloque actuel offre à la jeunesse des îles une opportunité précieuse pour débattre des questions qui les préoccupent. « Nous les encourageons à formuler des recommandations tangibles et solides, afin que les décideurs puissent mettre en place des stratégies prioritaires visant à limiter, voire à mettre fin, aux épidémies de VIH/Sida, d'hépatites et d'addictions. C'est ensemble que nous pourrons construire un avenir plus sain et plus résilient pour notre région », conclut le Président des Seychelles.

La Ministre de la Santé, Peggy Vidot a noté qu’après la pandémie Covid-19, les Seychelles, depuis l’année dernière, font plusieurs pas en avant. Le Ministère de la Santé, les différents secteurs locaux, la société civile et les partenaires bilatéraux et multilatéraux ont dès lors entrepris plusieurs projets pour intervenir de manière plus ciblée auprès des personnes vivant avec le VIH/Sida, les personnes qui s’injectent de drogues, les personnes incarcérées et les travailleurs de sexe.

« Les Seychelles comptent aussi redresser un nouveau plan stratégique national sur le VIH et Sida et les autres maladies sexuellement transmissibles. Cependant on constate vite que les objectifs fixés par les Nations Unies ne sont pas complètement atteints. Le nouveau plan qui s’étalera de 2024 à 2028, sera aligné à la déclaration politique de 2021. L’OMS nous a promit son appui pour un nouveau plan à partir de 2024, en ligne avec le plan global d’arriver à l’objectif zéro d’ici 2030 », a dit la Ministre Vidot.

Anne Muthoni Githuku-Shongwe, directrice régionale de UNAIDS en Afrique de l'Est et du Sud a rappelé qu’après 40 ans de l'épidémie du VIH, en juillet, l'ONUSIDA a publié un rapport présentant une voie claire pour mettre fin au Sida en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030. « Le chemin n'est pas un mystère, mais plutôt clair là où il y a un investissement politique et financier pour réaliser les 4 actions suivantes : Suivre les données, les preuves et la science ; Confronter les inégalités qui alimentent de nouvelles infections et excluent des communautés ; Laisser les communautés prendre les devants et Assurer un financement durable, les pays réussissent comme nous l'avons vu pour certains pays de cette région ».

« Lorsque nous suivons les données, les preuves, la science, l'épidémie du VIH varie à travers les États insulaires de l'Océan Indien, mais il existe des similitudes fondamentales : la prévalence du VIH est relativement basse et elle est concentrée principalement au sein de populations vulnérables clés telles que les utilisateurs de drogues, les prisonniers, les HSH, les jeunes et les travailleurs du sexe », ajouta Mme Githuku-Shongwe.

Selon la directrice régionale de l’UNAIDS en Afrique de l'Est et du Sud, la région de l'Océan Indien fait face à une réalité alarmante soulignée par les estimations de l'ONUSIDA : une augmentation préoccupante des taux d'incidence et de prévalence du VIH. Dans ce contexte, certaines zones, telles que Madagascar, voient l'épidémie se propager de la population de liaison à la population générale, atteignant des niveaux d'incidence dépassant les 200% sur certaines îles.

« Cette situation nécessite une réponse ciblée, basée sur les données spécifiques à chaque communauté et région, indépendamment du pays d'origine. En effet, la globalisation de notre monde appelle à une action collective pour faire face aux défis complexes du VIH », ajoute-t-elle.

La confrontation des inégalités constitue un impératif, comme souligné dans cet appel à l'action. Les communautés vivant avec le VIH et celles susceptibles au VIH se trouvent exacerbées par des inégalités économiques, légales, de genre et autres. La stigmatisation persistante et la discrimination, notamment envers les personnes vivant avec le VIH qui se droguent ou sont en prison, entravent la réponse corrective et solidaire que notre région requiert.

Promouvoir les droits et l'égalité pour tous demeure essentiel pour engager la voie vers la fin du Sida. La récente décision historique de la Cour suprême de Maurice, dépénalisant les relations homosexuelles, représente une avancée significative pour la santé, les droits, le respect et la dignité de chacun, montrant ainsi la voie à suivre.

Il est encourageant de constater que les plans stratégiques nationaux VIH/Sida pour les Comores, Madagascar, Maurice et les Seychelles mettent l'accent sur les populations vulnérables, avec une emphase particulière sur la prévention du VIH. Cet engagement est à saluer et doit être soutenu pour garantir des résultats tangibles.

En cette Journée mondiale de lutte contre le Sida, le thème « Laisser les communautés prendre les devants » résonne avec une importance particulière. Les communautés ont été les moteurs du progrès depuis la découverte du VIH, connectant les individus avec les services nécessaires. Cependant, le leadership communautaire reste confronté à des défis tels que le sous-financement, la non-rémunération, le manque de soutien, la sous-reconnaissance, voire des attaques dans certains endroits.

« Des succès tangibles émergent lorsque les communautés prennent les devants, comme illustré par l'exemple de Mad'AIDS à Madagascar, qui offre un soutien vital aux personnes touchées par le VIH/Sida. D'autres organisations, telles que PILS à Maurice, HASO aux Seychelles et FCAS aux Comores, font également partie de ce mouvement positif », souligna Mme Githuku-Shongwe.

Dr. Catherine Gaud, présidente du Comité Régional VIH Océan Indien et militante engagée dans ce domaine depuis plus de 35 ans, a souligné l'importance de la collaboration entre les îles de l'Océan Indien.

« Il y a 22 ans, nous avons formalisé notre collaboration, et nous remercions les Seychelles d'avoir organisé ce colloque. La coopération régionale n'est pas une idée abstraite, et le besoin de travailler ensemble a débuté il y a 26 ans avec l'arrivée d'une Mauricienne enceinte de huit mois à la Réunion, suivie de patients de Madagascar et même des Seychelles. Toutes ces personnes sont toujours en vie, et nous avons rapidement réalisé que les inégalités entre les îles étaient une injustice que nous ne pouvions tolérer. Nous avons dit 'Non' à toutes ces inégalités, affirmant que les gens ne mourraient pas de cette maladie. Courageusement, des individus, des associations, des soignants et des politiciens se sont levés pour soutenir cette collaboration, affirmant que c'est l'humanité qui guide notre combat ! Chacun de nous a un rôle à jouer, et il est impératif de mettre en œuvre la prévention, le dépistage, et d'exceller dans nos soins. Ce colloque vise à renforcer ce que nous défendons – la vie de l'autre ».

Pendant l’ouverture de ce colloque, un jeune de Praslin, Joey, a interprété une chanson, le groupe Latroup Lazenes du SNYC ont fait un spectacle de danse suivi d’un poème par Raspyek.

 

Photos : Joena Meme

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