10es JIOI – Test anti-dopage |13 March 2020
Aucun contrôle positif
Les 10es Jeux des Iles de l'océan Indien, organisés à Maurice en juillet dernier, ont été des Jeux "clean". Dans une déclaration, le 28 février dernier à l'Assemblée Nationale, le ministre d’ancien de l'Autonomie des Jeunes, des Sports et des Loisirs (AJSL), Stephan Toussaint, a indiqué qu'aucun athlète n'a été contrôlé positif. Tant mieux. Sauf que selon le protocole, le rapport des tests effectués aurait dû d'abord être avalisé par le Conseil international des Jeux des Iles (CIJ) avant son annonce officielle. Certes, la réunion du CIJ de fin février a été reportée à une date ultérieure, mais toujours est-il que la décence aurait voulu que son président soit mis au courant de la situation !
La nouvelle est tombée il y a une semaine : aucun athlète n'a été testé positif lors des 10es JIOI à l'issue des 88 tests effectués en juillet de l'année dernière. Une nouvelle qui rassure l'AJSL et le comité organisateur des Jeux des Iles (COJI), huit mois après la tenue de ces Jeux au cours de laquelle Maurice avait remporté sa première victoire en 40 ans d'histoire avec, qui plus est, un nombre record de 92 médailles d'or. Force est toutefois de constater que le protocole n'a pas été respecté étant donné que le CIJ, autorité de contrôle, n'a pas avalisé les résultats n'étant, au préalable, pas informé de la situation avant l'annonce de Stephan Toussaint.
Le Regional Anti-Doping Organisation (RADO), autorité collectrice des échantillons depuis la suspension du National Anti-Doping Organisation (NADO) fin 2017 a également été « écartée » malgré tout le travail de terrain effectué. C'est dire donc à quel point le ministre a commis un impair en pensant « kas enn pake » au Parlement. Car en ce faisant, il a fait preuve d'inélégance envers ces deux organismes, même si rien ne l'empêchait, en tant que président du COJI, d'annoncer le résultat des tests, étant donné que c'est le gouvernement mauricien qui a fait les frais des analyses.
Le RADO pas informé
Ce qu'il faut cependant bien mettre en perspective, c'est que nous ignorions que le protocole n'avait pas été respecté au moment où nous avons pris contact avec le responsable du RADO, le Seychellois Paul Nioze, en milieu de semaine. C'était surtout pour voir s'il était satisfait des résultats et des conditions dans lesquelles il avait été appelé, avec son équipe, à travailler pendant les JIOI. Toutefois, nous avons été surpris d'apprendre qu'il n'était lui-même pas au courant que les résultats des tests étaient tombés !
A une question de Week-End, Paul Nioze répond que, si le ministre Toussaint a annoncé, à l'Assemblée Nationale, qu'aucun athlète n'a été testé positif, c'était une bonne chose pour le sport. « Cela voudrait aussi dire qu'un travail de conscientisation a été effectué au niveau de tous les pays qui ont participé aux JIOI », fait-il remarquer. Il est aussi bon de savoir que c'est Paul Nioze et toute son équipe qui ont travaillé sur le terrain pour collecter les échantillons à être testés. « Nous avons pu compter sur la collaboration des agents de contrôle mauriciens et je peux dire que tous s'est très bien passé. Nous n'avons rencontré aucun problème et tous les athlètes testés se sont montrés coopératifs », indique-t-il.
Le CIJ pas encore en possession du rapport
Hormis le fait d'être l'autorité collectrice des échantillons, le RADO demeure aussi l'autorité responsable de la gestion des résultats – données qu'il n'a malheureusement pas encore obtenus au moment où nous avons contacté le responsable. Au cas où il y a une « adverse analytical finding », Paul Nioze explique que c'est le RADO qui est ensuite appelé à gérer la situation aussitôt les tests avalisés par le CIJ. « Ce qui n'a pas été le cas pour l'heure étant donné que le CIJ, qui est l'autorité de contrôle des Jeux, ne nous a pas encore informé des résultats des tests effectués », a fait ressortir le Seychellois.
Week-End a aussi contacté le président du CIJ, le Seychellois Antonio Gopal, mais force est de constater que ce dernier n'était également pas au courant des résultats ! « Je pense que le COJI a dû recevoir une copie du rapport étant l'organisateur des Jeux. Ce qui est tout à fait normal étant donné aussi que les derniers Jeux appartiennent à Maurice », déclare-t-il.
Selon nos informations, c'est à la Commission Anti-Dopage qu'incombe la responsabilité d'envoyer ces tests effectués pendant les JIOI à l'étranger pour analyse, après la prise des échantillons effectuée par le RADO. Les résultats obtenus, le COJI dépose, à son tour, le rapport au CIJ avant qu'il ne soit avalisé. Visiblement cette étape semble avoir été, pour l'heure, omise et ce, même si la réunion de février dernier (21 au 23) a été reportée en raison du coronavirus.
Le NADO relancé
Soulignons par ailleurs que le NADO a été suspendu en novembre 2017 pour n'y avoir pas inclut certains amendements à sa constitution comme recommandés par l'African Regional Office. En effet, le ministère des Sports avait, à l'époque, fait fi des directives en nommant le sports officer, Allen Cadressen, comme responsable du NADO. Ce qui était contraire aux règlements de la WADA qui prône une neutralité parfaite. Ainsi, suivant un accord avec les autorités mauriciennes, le RADO avait pris la responsabilité d'effectuer des tests anti-dopage, le NADO n'étant pas habilité de le faire pendant cette période.
A noter qu'un atelier de travail s'est tenu sur deux jours, en décembre de l'année dernière, dans le but de relancer le NADO après qu'un travail préliminaire eut été effectué, au cours des mois précédents, au niveau du ministère. Rencontre où étaient présents les représentants de la WADA, du RADO et de l'AJSL et à l'issue de laquelle l'annonce de la présentation du nouveau NADO avait été annoncée pour ce mois de mars 2020.
Par Jean-Michel Chelvan du journal Weekend de Maurice