En conversation avec Daddy Yod, le fameux chanteur français |06 February 2020
« L’amour est la clé qui ouvre les portes des cœurs les plus endurcis »
Les amateurs de la musique française et surtout de la musique des années 90 se souviennent de la fameuse chanson ‘Faut pas taper la doudou’ ! L’auteur de cette chanson, Daddy Yod était aux Seychelles pour une très courte visite, mais il a quand même pu nous réjouir avec trois spectacles qu’il a offert sur Mahé et Praslin. C’est le chanteur Elijah qui l’a invité sur nos îles. Notre journal, Seychelles NATION, a pu lui rencontrer pour un petit entretien.
Sténard Saint Félix, alias Daddy Yod ou King Daddy Yod, né à Petit Canal en Guadeloupe, est un chanteur français. Il est un des précurseurs du ragamuffin en France.
Seychelles NATION : Est-ce que c’est votre première visite aux Seychelles et c’était dans quel cadre ?
Daddy Yod : Ah oui. Nous sommes arrivés mercredi dernier et ce dimanche (2 février) nous repartons déjà. Cette fois-ci nous sommes venus pour faire trois concerts.
Seychelles NATION : Comment trouvez-vous les Seychelles ?
Daddy Yod : Super. Les îles me rappellent chez moi en Guadeloupe. Nous avons la grande terre et la basse terre et les Seychelles me rappellent beaucoup de basse terre avec le paysage verdoyant. J’ai été faire quelque photos mais je n’ai pas vraiment eu le temps de visiter les îles. Je n’ai pas non plus eu le temps de gouter les plats typiquement seychellois, car nous n’avons pas eu vraiment le temps.
Seychelles NATION : Est-ce que vous pensez revenir aux Seychelles ?
Daddy Yod : Bien sûr je voudrais revenir aux Seychelles. Je trouve les gens vraiment chaleureux et le plus étonnant c’est que les gens connaissent mes chansons et chantaient avec moi pendant les concerts. J’ai pu ressentir cet amour qu’ils ont en général pour la musique et pour mes chansons telles que ‘Faut pas taper la doudou’ ou la reprise d’Ibo Simon, ‘Même si je dois mourir un jour’, ‘Delbor’.
Seychelles NATION : Quand vous aviez composé la chanson iconique ‘Faut pas taper la doudou’, saviez-vous que cela allait être un succès fou ?
Daddy Yod : Ah pas du tout ! J’ai fait cette chanson à l’époque où il y avait 50 femmes mortes suite à des coups. Et comme le rôle premier du ragamuffin, du reggae et du hip hop est de dire les choses. C’est le haut parleur du peuple et c’est le vrai journal du peuple. C’est un sujet que je tenais à cœur, je le défends. Donc je voulais en parler dans une chanson mais je n’imaginais pas du tout que ça allait avoir cet impact que ça a encore aujourd’hui ! C’est devenu populaire partout dans le monde.
Seychelles NATION : Est-ce que vous pensez que cette chanson a aidé à éduquer les hommes sur la violence domestique ?
Daddy Yod : Je me rappelle à l’époque, les femmes qui n’osaient pas parler achetaient le CD et l’offraient à leur compagnon. J’ai eu les témoignages d’hommes qui sont venus me dire, ‘il m’est arrivé de taper ma femme, mais depuis que tu as sorti cette chanson, j’ai pris conscience.’ Petit-à-petit ça se fait, mais l’importance c’est de continuer à parler. Quelqu’un qui a l’addiction de taper est pire que la drogue. Il y a un gros travail à faire.
Seychelles NATION : Vous êtes aussi considéré comme le père du ragamuffin en France.
Daddy Yod : Oui, je fais partie, sans aucune prétention, des premiers maîtres de cérémonie (MC), précurseur de mouvement ‘Made in France’. Avec ‘Faut pas taper la doudou’ j’ai donné les premières lettres de noblesse à ce mouvement ‘Made in France’.
Seychelles NATION : Votre opinion sur les paroles des chansons de nos jours ?
Daddy Yod : C’est dommage que de nos jours on parle beaucoup de sexe dans les chansons. Dans la musique, il y a tellement de choses à dire. Il y a la parole, c’est pour cela que je me suis tout le temps placé pour être la voix du peuple.
Seychelles NATION : Maintenant Daddy Yod, il fait quoi ?
Daddy Yod : Je me suis fais plaisir et j’ai fait des duos avec des artistes que j’aime bien. Mais là je prépare un album, un vrai retour avec l’album ‘New Deal’. J’espère que mes fans sont toujours là.
Seychelles NATION : Est-ce que vous avez visité les autres îles de l’océan Indien ?
Daddy Yod : Non, pas vraiment. J’ai été à la Réunion dans les années 1990 mais je commence la visite des îles les Seychelles.
Mot de la fin de Daddy Yod aux Seychellois : La vie n’est pas facile. Les temps que nous vivons sont des temps prophétiques. Les plus grands guides ont en parlé, les eaux vont monter, il va y avoir des épidémies, des enfants vont tués des enfants et des grands, mais on a le pouvoir de changer les choses. La pensée a le pouvoir sur la matière. Tout ce qu’on voit dans le monde, c’est ce qu’il y a à l’intérieur de l’être humain. Nous faisons beaucoup de mal à la nature avec nos mauvaises pensées et nos mauvaises vibrations. Il y a des gens qui sont là pour déstabiliser d’autres gens ! Mais il y a une clé qui nous a été laissée par le créateur de toute chose. Cette clé s’appelle l’amour. Les prophètes l’ont utilisé ainsi que les légendes telles que Gandhi, Mandela, Bob Marley entre autres. C’est la clé qui ouvre les portes des cœurs les plus endurcis et qui touche vraiment.
Seychelles NATION : Nous vous remercions de nous accorder cet entretien en espérant de vous entendre bientôt avec votre nouvel album.
Propos recueillis par Vidya Gappy
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Encadré
Savoir plus sur Daddy Yod
Daddy Yod arrive en métropole à l'âge de 9 ans. Il fait ses débuts avec le sound system Youthman Unity Academy. Sa participation avec le titre Rock en Zonzon à la compilation Rapattitude disque d'or en 1990 lui permet de s'adresser à un plus large public. Le single l'album ‘Faut pas taper la doudou’ sur son premier album ‘Redoutable’ en 1990, lui attire une grande popularité en métropole ainsi qu'aux Antilles.
Sur son deuxième LP nommé King Daddy Yod en 1991 qui contient un de ces titres les plus connus ‘Delbor’ (Bordel), il pose en vainqueur du Tour de France avec le maillot jaune. En 1993 il enregistre ‘L'incorruptible’, avec Sly and Robbie.
Le ‘Survivant’ sort en 1995 et il participe parallèlement aux albums du groupe Tout simplement noir et leur livre plusieurs featurings, dont Club TSN.
En 2002, Farid Dms Debah réalise le clip vidéo du titre Show Girl tiré de l'album du même nom.
L'album ‘Fraîche’ arrive en 2006, avec une nouvelle version de Delbor enregistré avec Flya, Jamadom, Tiwony, Ragga Ranks et des titres issus de plusieurs compilations : Killa session 2 et Atomic Riddim.
Il coréalise avec Cristobal Sévilla, le film documentaire Il était une fois ... RAGGAMUFFIN où il interview Isaac du groupe Neg Sowéto, Devon T de Neg Commando, Sidney de l'émission H.I.P H.O.P, Pablo Master, Princess Erika, Ras Kodo, Asher de Jah Wisdom, Saï Saï et Ragga Dub Force Massive.
En 2014, il remet encore au goût du jour son célèbre single ‘Delbor’ avec de jeunes artistes, Daly et Politik Nai pour fêter son retour sur la scène antillaise.
Daddy Yod perdit en 1993 un clash face à Daddy Nuttea, à l'Espace des Peupliers (Paris 13e) devant 1200 personnes, clash appartenant aujourd'hui à la l'Histoire du reggae français.
Source : Wikipedia