Les Seychelles et les Jeux Olympiques de Paris 2024 |13 February 2023
Faites la connaissance de Pierre de Coubertin
A seize mois des Jeux Olympiques de Paris qui auront lieu du 26 juillet au 11 août 2024, il nous a semblé indispensable d’effectuer une relecture de ce que furent les Jeux de l’antiquité puis ceux de l’ère moderne datant de 1896 à Athènes jusqu’à nos jours.
Les grands dirigeants, les champions d’exception, les joies, les peines qui ont marqué cette belle aventure que sont les Jeux Olympiques méritent d’être réétudiés.
Sans revenir loin en arrière, il est indispensable de revoir ce cheminement qui va permettre de vivre l’an prochain ce que seront ces trentièmes Jeux Olympiques à Paris en juillet août 2024.
Pour tous ceux qui n’ont jamais eu la possibilité de se rendre en Grèce, à Olympie plus précisément, et essayer de réfléchir à ce que furent les Jeux de l’antiquité. Il existe aujourd’hui dans le stade une ligne d’arrivée ou de départ. Un semblant de piste délimitant un espace sportif entouré par des talus où se plaçaient jusqu’à 300 000 spectateurs, chiffre exceptionnel pour l’époque. Il semblerait que d’après des palmarès décryptés que ces Jeux se déroulaient tous les quatre ans. Les premiers Jeux dateraient de 776 avant Jésus Christ.
De l’apogée à l’agonie des Jeux Antiques
En réalité ces Jeux étaient organisés chaque année dans toutes les régions de Grèce. Par contre le stade d’Olympie accueillait les manifestations les plus importantes.
Seuls pouvaient participer sous le regard des dieux, les athlètes, hommes, essentiellement qui concouraient nus afin de mettre en évidence les qualités physiques et la beauté humaine.
Seul le vainqueur était honoré à l’issue des compétitions. Ces athlètes prêtaient le serment de respecter les règlements. La piste du stade mesurait environ 192m. Les dignitaires étaient membres du jury mais assuraient également la sécurité selon l’adage : « la loi, la règle, l’ordre, donc, la maitrise de soi ».
Les athlètes devaient s’entraîner pendant une dure année avant les épreuves de sélections. Pour les premiers Jeux, il n’y avait qu’une épreuve de 200m environ à parcourir.
Le pentathlon a été créé à cette époque-là avec le lancer du disque, le saut en longueur avec une haltère à la main, le javelot, la lutte avec le corps enduit d’huile, puis le pugilat, l’ancêtre de la boxe à mains nues a fait son apparition. Par la suite les courses de chars ont été créées. Le vainqueur était couronné d’un rameau sauvage.
Les Jeux de l’antiquité ont disparu de par l’orgueil des concurrents comme l’empereur Néron qui était prêt à tuer ses adversaires qui voulaient l’empêcher de gagner. Les jeux de l’antiquité se terminaient donc dans la tristesse !
Pierre de Coubertin, mi humaniste, mi visionnaire
En 1880 le sport balbutie en France. Le jeune professeur Pierre de Coubertin veut faire bouger les choses. Il pense à une réforme de l’éducation physique et du sport.
Son projet, malgré tout, c’est de faire revivre les Jeux Olympiques de l’antiquité. Pour cela notre homme prend des contacts, surtout à l’étranger. Ce ne sera pas suffisant. En un premier temps, seuls des encouragements lui sont adressés.
A cette époque-là Gustave Eiffel qui veut construire une grande tour près du Champs de Mars lutte pour lui aussi défendre son projet. Décidément nul n’est prophète en son pays.
Encore beaucoup d’efforts et après de nombreuses déceptions, c’est la joie de la victoire. !
Aujourd’hui les Jeux Olympiques sont l’évènement planétaire le plus populaire et la Tour Eiffel est le joyau de Paris le plus visité au monde.
Pierre de Coubertin est de « ces êtres rares qui rêvent leur vie et réalisent leurs rêves ».
Pierre de Coubertin est un homme de son temps qui pense loin et agit vite. C’est donc un visionnaire à la fois généreux, ambitieux, doté d’un réel sens politique et d’une grande capacité à fédérer.
Cet aristocrate est issu d’une famille riche et catholique dont la mère Crisenoy de Mirville est issue de la famille des compagnons de Guillaume le Conquérant pratiquement le créateur de la Normandie actuelle.
C’est à Étretat en Normandie près du Havre que le personnage imaginaire « Arsène Lupin dit le gentleman cambrioleur » fait son repaire dans la fameuse aiguille creuse. C’est à partir de l’œuvre du grand écrivain Maurice Le Blanc que Pierre de Coubertin va réfléchir à son idée de rénovation des Jeux Olympiques de l’antiquité.
Celui qui va instaurer l’éducation physique dans les écoles de France vit en Normandie quelques temps avant d’organiser un grand congrès international qui aura lieu le 23 juin 1894 dans le cadre prestigieux de la Sorbonne.
Deux milles invités se pressaient dès l’ouverture des travaux afin de relancer les jeux Olympiques. Une nouvelle diplomatie était créée avec des représentants de 13 nations et bien sûr des dirigeants venus de Grèce.
Il fût décidé que seuls les amateurs seraient invités à concourir à ces Jeux Olympiques et que la périodicité de quatre ans entre chaque Jeux serait confirmée. Les premiers Jeux seraient disputés à Athènes (1896) puis à Paris en 1900 en même temps que l’exposition universelle. Une devise Olympique était créée « plus vite, plus fort, plus haut ».
Que se passait-il en 1896 ?
Des courses pédestres et cyclistes sont organisées en France sur des distances frôlant parfois plus de 100 km. La voiture sans chevaux est inventée pour les compétitions.
Des courses comme Paris-Rouen longues de 120 km sont accomplies à une vitesse « vertigineuse » de 21 km.
Pendant ce temps-là Pierre de Coubertin travaille à ses Jeux, ceux de 1896. Un milliardaire Grec finance la rénovation du stade antique. Chaque jour les 60 000 places seront occupées. La course de marathon attire sur son parcours 100 000 spectateurs. Le vainqueur Spiridon Louis, le seul Grec médaillé d’or est accueilli en héros de l’antiquité, lui le petit berger de campagne !
Ces Jeux avaient attiré 14 nations, l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Bulgarie, le Chili, le Danemark, les Etats-Unis, la France, la Grande Bretagne, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, la Suède et la Suisse.
Les participants étaient au nombre de 245, des hommes essentiellement. Neufs sports étaient inscrits au programme ‒ l’athlétisme, cyclisme, escrime, gymnastique, haltérophilie, lutte, natation, tennis, et tir.
A cette époque-là l’assemblée nationale française votait l’annexion de Madagascar mais cet évènement n’a pas marqué les esprits.
Pierre de Coubertin avait gagné son pari. Ces premiers Jeux de l’ère moderne ont été célébrés de brillante façon. Le Roi de Grèce, ses ministres, ses députés et l’ensemble du corps diplomatique étaient présents pendant toute la période des compétitions.
Les Jeux de Paris en 1900 noyés dans l’exposition universelle n’obtinrent pas le succès escompté. Plusieurs sports inscrits au programme ne seront plus organisés : lors des prochaines éditions comme le tir à la corde.
Il faut surtout retenir que pour la première fois, 19 femmes sur 1225 participants ont participé au tournoi de tennis, car c’était à l’époque la seule discipline sportive accessible aux féminines.
Ayant participé aux deux premiers Jeux, les Etats-Unis ont revendiqué l’organisation de la troisième édition à Saint Louis en 1904. Ces Jeux ont connu un gros succès populaire. Malheureusement en raison du coût élevé des transports, très peu de sportifs ont pu effectuer le voyage par bateau. Même Pierre de Coubertin n’a pu se déplacer. Seulement 12 nations étaient représentées dont seulement 8 femmes sur 617 participants.
Pour la première fois des médaillés d’or, d’argent et de bronze sont décernées aux trois premiers de chaque compétition. L’Américain Georges Eyser décroche six médailles. Particularité de ce gymnaste : il a une jambe de bois.
En 1908 à Londres, les Anglais imposent leur règlementation et cela provoque beaucoup de réclamations. Pour la première fois les délégations défilent lors de la cérémonie d’ouverture. Le Roi Edouard VII préside les différentes compétitions.
Le fait marquant de ces Jeux a été l’exploit de Dorando Piétri, vainqueur du marathon qui a quelques centaines de mètres de l’arrivée s’écroulait ivre de fatigue. Piétri franchissait la ligne d’arrivée dans un état réel d’épuisement. Le jury jugeant que Piétri avait bénéficié de l’aide de ses soigneurs le disqualifiait. L’opinion publique n’avait pas admis la décision de ce jury vraiment partial permettant à l’Américain Johnes Hays d’inscrire son nom au palmarès mais pour l’opinion publique, le vainqueur était Dorando Pietri.
Pour les cinquièmes Jeux de l’ère moderne, Pierre de Coubertin a choisi la Scandinave et Stockholm la capitale de la Suède pays où le sport est considéré comme une religion.
Le seul point noir fût l’interdiction d’organiser le tournoi de boxe.
Par contre le pentathlon et la natation féminine furent introduites au programme ainsi d’ailleurs que la création du chronométrage électrique et du haut-parleur.
L’homme de ces championnats a été incontestablement l’Américain Jim Thorpe au décathlon qui gagnait neuf épreuves sur dix, laissant seulement le 1500 m aux Finlandais.
Plusieurs faits marquants ont été relevés. Après sept faux départs, dont trois causés par le futur vainqueur, la finale du 100m est remportée par l’Américain Ralph Craig en 10’’8.
La Suédoise Greta Johanson est devenue la première championne Olympique de plongeon.
Après onze heures de combat le Russe Martin Klein bat le Finlandais Alfred Asikainen en demi-finale des poids moyen de lutte.
A cause de la guerre 1914-1918 les Jeux prévus à Berlin en 2016 n’ont pas été organisés. Les prochains Jeux auront lieu en 1920 à Anvers en Belgique.
La guerre mondiale est encore dans les esprits. Cette guère de quatre ans a couté la vie à plus de dix millions de citoyens du monde entier. D’ailleurs trois Seychellois enrôlés par l’armée britanniques reposent dans les cimetières militaires de Normandie.
Pour la première fois les athlètes prêtent le serment Olympique et un drapeau avec cinq anneaux représentant les cinq continents flotte dans le stade avant la cérémonie d’ouverture, un hommage aux morts de la grande guerre est célébré en présence de Albert 1er Roi des belges.
En athlétisme ces Jeux mettent en évidence les athlètes finlandais Jonni Miyra, Urho Peltonen et Paavo Johansson qui prennent les trois premières places du lancer de javelot. Paavo Nurmi remporte le 10 000m mais se fait battre par le Français Joseph Guillenot sur 5 000m.
Le succès de ces Jeux a été assuré par la participation record de 29 nations, 2 669 athlètes et de 22 sports.
A l’issue de la cérémonie de clôture le baron Pierre de Coubertin, président du Comité international Olympique invitait les nations à se déplacer à Paris pour y célébrer les huitièmes Jeux, vingt-quatre ans après ceux de 1900 . Déjà le monde sportif vivait à l’heure Olympique mettait à profit ces quatre années pour se préparer à la conquête d’une médaille qui apportera bonheur et célébrité.
Paris 2024, le succès de Johnny Weissmuller le nouveau Tarzan
Avant la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris, Pierre de Coubertin annonce sa décision de démissionner du Comité Olympique international. Le grand homme annonce « J’ai fait mon œuvre » les prochains Jeux se feront sans moi à Amsterdam en Hollande. Ces Jeux seront un véritable succès pour le président du CIO.
44 nations et 3092 participeront à ces Jeux. La grande vedette de ces jeux fût l’Américain Johnny Weissmuller gagnant le 100m de natation en 59 secondes et le 400m en 5'04’’2. Weissmuller allait poursuivre sa moisson de médailles sur 400m à Amsterdam en 1928. Ces médailles d’or furent un tremplin pour le personnage de Tarzan joué dans des films de cinéma américain. L’autre vedette de ces Jeux fût incontestablement le Finlandais Paavo Nurmi qui fût champion Olympique du 1 500m et du 5 000m à une heure d’intervalle.
Deux jours plus tard le nordique s’impose dans l’épreuve de cross-country. Il est bon aussi de rappeler que Nurmi avait gagné le 10 000m et avait terminé second du 5 000m en 1928 et médaillé d’or du 10 000 en également 1928. Paavo Nurmi est certainement le plus grand spécialiste de demi-fond de l’histoire.
Henri Dauban sixième des Jeux de Paris en 1924
Le premier sportif seychellois à se mettre en évidence au niveau Olympique fût Henri Dauban. « Ce propriétaire de Silhouette » la quatrième île de l’archipel, féru de pêche au harpon, termina sixième de l’épreuve de javelot aux JO de Paris sous les couleurs anglaises.
Cette compétition avait été remportée par le Finlandais Jonni Myyra avec 62m96. Henri Dauban avait créé un centre de culture maraichère dans un espace où est situé l’hôtel Labriz. Une société immobilière avait été constituée avec 80 français dont de nombreux Normands. La société a été dissoute lors de l’indépendance des Seychelles.
Francis Herbet