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Témoignage d’une mère de 4 enfants-"Je bois de l'alcool tous les jours depuis l'âge de 14 ans" |11 June 2005

Sur le conseil de son médecin, Véronique* suit actuellement une cure de désintoxication au Centre Mont Royal. Cette cure a commencé en avril dernier.

"Je ne suis pas venue au Centre Mont Royal de mon propre gré. C'est mon médecin qui me l'a recommandé. Parce que si j'avais continué à boire, je crois que  j'y aurais laissé ma peau", reconnaît-elle..

La descente en enfer

Benjamine d’une famille de cinq enfants, Véronique a vécu presque sans surveillance. Sans affection aussi. Ses parents étaient alcooliques et se disputaient tout le temps.

"Mes parents prenaient beaucoup d’alcool et ils se bagarraient à tout bout de champ. Ils n'avaient pas le temps de prendre soin de nous. Je les supportais mal. Un jour ils m’ont envoyé acheter une bouteille d’alcool . Je n'avais que 13 ans, et je ne voulais pas le faire. Mais ils m'ont forcée à aller. C'est à cette occasion que je me suis offert une bière. Et depuis..."

Encouragée par le silence de ses parents par rapport à cette "première bouteille", Véronique n'a pas hésité à renouveler l'expérience. Elle essaie aussi de retrouver un peu d'affection ailleurs. Elle lie amitié avec un garçon. Et peu de temps après elle tombe enceinte.

"Quand je suis tombée enceinte, mes parents ne m'ont fait aucun reproche. C'est comme si cela allait de soi. J'ai essayé de me ressaisir et j'ai arrêté de boire. J'ai donné naissance à une petite fille. Mais après l'accouchement, j'ai recommencé à boire, d'abord modérément, puis de plus belle. Ce fut d'abord une bière par jour. Je suis passée, ensuite, à  deux, puis à trois, quatre, etc …. Après la bière, j'ai commencé à prendre du rhum, du ‘baka’, ainsi de suite... Je buvais tous les jours. Mais au moment des grossesses, je renonçais à l'alcool. Bizarrement, je m'en passais sans difficulté. C'est dans les moments où je n'ai rien à faire, les moments où je m'ennuie, que je replonge,  se souvient Véronique.

"Plus tard, j'ai commencé à fréquenter les discothèques. J'ai aussi commencé à fumer du cannabis. Je me sentais déprimée. Je ne pensais même plus à mes enfants. (Ndlr -  une fille et trois garçons). Je n'éprouvais pas d'affection pour eux. Ils habitent  chez leur grand-mère maternelle. La seule chose qui comptait pour moi, c'était ma bouteille d'alcool. C'est vous dire à quel point j'étais arrivée", a-t-elle ajouté.

Quand ses parents et ses amis lui demandaient pourquoi elle s'adonnait tant à l'alcool elle ne savait que dire.

"Je ne savais que dire. Je savais seulement que je ne pouvais pas m'en passer. J’étais déprimée et je pleurais beaucoup. J’ai même fait plusieurs tentatives de suicide. Car la vie me dégoûtait. Je ne trouvais aucune raison de vivre", raconte aussi Véronique.
Interrogée sur ses sources d'argent pour payer l'alcool et la drogue qu'elle consommait quotidiennement, elle a déclaré:
"Tous les jours, j’avais besoin de deux bouteilles de rhum. Pour les acheter, parfois des amis me donnaient de l'argent, d'autres m'en prêtaient. Mes parents aussi me donnaient parfois de l’argent."

Il faut dire que Véronique ne se serait jamais rendue à un centre de désintoxication si elle ne s'était pas senti forcée. Elle souffrait de gastrite et lorsqu'elle est partie voir le médecin, ce dernier l'a aussitôt dirigée sur le Centre de désintoxication. "J’étais très malade et j’allais certainement mourir", se souvient-elle.

"J'ai été admise au Centre Mont Royal le 7 avril  dernier. Grâce aux traitements, je me sens mieux maintenant.  Je n’ai plus  envie de toucher à l’alcool.  J’ai également arrêté avec la drogue. Vous ne vous rendez pas compte quand vous devenez accroc de cette substance. Alors le mieux, c'est éviter de la toucher", nous a-t-elle dit.

Le regret

Aujourd'hui Véronique a réalisé sa faute. Et elle ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine amertume quand elle pense  comment tout cela est arrivé. Elle sait qu'elle n'a pas été suffisamment forte pour résister à la tentation. Mais elle pense que ses parents sont également coupables de cette situation:
"C’est par la faute de mes parents que je me suis retrouvée dans cette situation. Je n’ai pas eu l'amour et le soutien dont j'avais besoin pour grandir. Chaque fois que je commettais une faute, il n’y avait personne pour me faire des reproches et m’empêcher de la répéter. Et quand bien même mes parents savaient que j'étais alcoolique, chaque fois que j'avais besoin d'argent pour me payer de l'alcool, ils me l'offraient. Tout cela a contribué à me plonger dans l'enfer que j'ai connu. C'est pourquoi je dis à tous ceux qui cherchent à tuer leur ennui dans l'alcool ou dans une autre substance : "dites non à l’alcool et à la drogue, sinon ils vous détruiront  et briseront vos familles. "

*Véronique est un nom fictif que nous avons emprunté pour préserver l’identité de cette jeune femme.

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