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Entretien exclusif avec Monseigneur Denis Wiehe avant son départ |05 December 2020

Entretien exclusif avec Monseigneur Denis Wiehe avant son départ

Monseigneur Denis Wiehe

« Ma vie a été une aventure formidable »

 

Ce mardi 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception, la communauté catholique des Seychelles accueillera au sein de son église le nouvel Evêque, Mgr Alain Harel suite à la démission de Mgr Denis Wiehe de la charge pastorale du diocèse de Port Victoria aux Seychelles. Mgr Denis Wiehe a desservi les Seychelles de 2001 à 2020.

Nous avions eu le privilège de rencontrer Mgr Denis Wiehe à son bureau à la Cathédrale Immaculée Conception pour un entretien exclusif.

 

Seychelles NATION : Pouvez-vous nous raconter votre enfance et jeunesse ?

Mgr Denis Wiehe : Je suis né dans une famille assez aisée avec beaucoup de facilité. J’ai eu accès à des bonnes écoles premièrement en Afrique (Malawi) où mon père travaillait. J’ai été dans une école jésuite pensionnaire de 10 à 12 ans. Quand nous sommes retournés à Maurice j’étais au Collège du St Esprit. Même si on était dans un milieu aisé, nous (mes trois frères et moi) avions été élevés plutôt à la dure. Et je remercie mes parents pour ce type d’éducation familiale et religieuse. J’ai toujours aimé le sport jusqu’à maintenant, mais malheureusement je ne peux le pratiquer. C’est le seul passe-temps que j’ai, regarder le sport. J’ai eu une enfance heureuse, bien encadrée et qui m’a appris beaucoup de chose. J’ai beaucoup de cousins et de cousines, et je me souviens quand j’ai été ordonné Evêque, dans mon discours j’avais évoqué que nous avons reçu beaucoup de choses dans la vie et de la société et on est responsable de ce et on doit partager avec les autres.

 

Seychelles NATION : Comment avez-vous eu la vocation pour joindre les Pères spiritains ?

Mgr Denis Wiehe : L’idée de devenir prêtre m’est venue à un très jeune âge (11 ou 12 ans) et toute mon adolescence j’ai un peu lutté contre l’idée de devenir prêtre parce que je voulais être comme tous mes copains. Finalement à l’âge de 18 ou 19 ans, j’ai pris la décision d’être prêtre.

 

Seychelles NATION : Comment ont réagi vos parents suite à votre décision ?

Mgr Denis Wiehe : Mon papa est un homme assez remarquable et il était spécialiste des maladies des plantes. Il travaillait pour le Ministère de l’Agriculture à Maurice puis il enseignait au Collège Royal. Peut-être il devinait déjà et il a bien accueilli cette décision. Ma maman, par contre, moins bien. Mais après elle a accepté et était très fière qu’un de ses fils est prêtre. Elle m’a ensuite beaucoup soutenue.

 

Seychelles NATION : Décrivez-nous votre parcours pour devenir prêtre.

Mgr Denis Wiehe : J’ai fait onze ans d’études. Une année consacrée spécialement à la vie spirituelle suivie de deux années de philosophie. J’étais en Irlande et les spiritains sont des missionnaires. Au début de 1960, ils ont fait la mission à travers l’école. Tous les jeunes qui rentraient chez les spiritains à travers le monde devaient essayer d’avoir un diplôme civil. J’ai interrompu mes études strictement pour le sacerdoce pour entreprendre des études en BSC en science naturelle à University College à Dublin. Apres mes études, j’ai enseigné pendant un an dans un des collèges spiritains. Finalement j’ai entrepris mes études pour le sacerdoce à Rome en compagnie d’autres prêtres de Maurice au séminaire français. On a fait les études théologiennes à l’Université Grégorienne. En 1969, j’ai été ordonné prêtre par Monseigneur (Jean) Margéot.

 

Seychelles NATION :Racontez-nous votre service aux Seychelles ?

Mgr Denis Wiehe : Je suis arrivé aux Seychelles en 2001 et le 24 avril on m’avait nommé Évêque coadjuteur de Port Victoria aux Seychelles. Le 15 août 2001, j’ai été ordonné Evêque et le 1er juin 2002 j’étais l’Evêque de Port Victoria, Seychelles.

 

Seychelles NATION : Comment avez-vous été accueillis aux Seychelles ?

Mgr Denis Wiehe : J’ai été très bien accueilli et le fait que j’ai beaucoup bougé dans ma vie, j’ai appris qu’il fallait qu’on soit très ouvert pour comprendre les gens, la culture et la langue. Même si je connaissais le créole, j’ai fait un effort d’apprendre le créole Seychellois et les nuances du langage. Mais j’ai senti que c’était une époque très difficile pour l’église. Les écoles de l’église avaient été nationalisées et l’enseignement religieux était au minimum. Il y avait aussi l’entrée des nouvelles églises aux Seychelles et certains membres de l’Eglise Catholique se sont joints à eux. Alors j’ai trouvé parmi les fidèles un peu de découragement et cela m’a beaucoup travaillé. Comment redonner cet élan aux fidèles ? C’est là que j’ai essayé de faire un grand rassemblement le jour de la Pentecôte à l’ancien stade de la musique. Les gens sont venus en assez grand nombre. Après cette activité, j’ai décidé de faire venir Jocelyn Grégoire pour une tournée avec ses chansons bibliques. Cela a redonné aux fidèles un élan. J’ai aussi réalisé qu’on manquait des prêtres. Nous avons 20 paroisses sur Mahé, Praslin et La Digue et les dimanches c’était très chargé pour les prêtres. J’ai dû faire venir des prêtres et aujourd’hui je suis très content que chaque paroisse a son prêtre. J’ai aussi noté que même les églises / les bâtiments étaient un peu délaissés et presque toutes les églises sont passées par une rénovation avec l’aide des individus.

 

Seychelles NATION : Quels  sont les projets majeurs qui ont été accomplis sous votre guidance ?

Mgr Denis Wiehe : Notre travail est un travail pastoral et c’est ça le plus important. Seulement Dieu qui peut évaluer notre travail et je laisse au Bon Dieu de juger ce que j’ai fait. Ce que j’ai senti comme besoin important était d’avoir une formation pour les adultes car beaucoup avaient oublié ce qu’ils avaient appris pendant leur enfance. Le Grand Concile du Vatican II nous a dit que tout le monde est baptisé et par leur baptême on doit pouvoir comprendre et vivre notre foi. Pas seulement les prêtres, religieux et religieuses, les laïcs doivent vivre leur foi. C’est pour cela que nous avons commencé la formation à la vie chrétienne. La famille est la base de l’humanité et on doit faire plus pour la famille. On a aussi travaillé sur comment intégrer l’église dans les œuvres sociales. On a un petit centre pour la réhabilitation, un petit centre pour les migrants et on essaie de répondre aux questions sociales.

 

Seychelles NATION :Quelle a été votre engagement avec la formation de SIFCO ?

Mgr Denis Wiehe : L’église a beaucoup changé ; autrefois il y avait une méfiance envers les autres religions mais le Concile du Vatican II a rouvert nos pensées. L’Esprit Saint nous dit qu’il faut que nous soyons ensembles et ouverts les uns envers les autres. Je suis très content d’avoir pu participer à la naissance de SIFCO. SIFCO a commencé par une rencontre entre responsables et représentants de différentes religions aux Seychelles pour prendre conscience du problème de la drogue dans notre pays. Les responsables religieux ont décidé de travailler ensemble dans le combat contre la drogue et de fil à l’aiguille est né SIFCO.

 

Seychelles NATION :Quels sont les souvenirs que vous retenez de votre parcours aux Seychelles ?

Mgr Denis Wiehe : Moi j’ai gagné beaucoup spirituellement et humainement pendant mes vingt ans aux Seychelles. Au début j’ai vécu dix mois avec Monseigneur Baronnet en étant Evêque Coadjuteur, étant assez libre j’ai profité pour mieux connaître le pays et pour me familiariser avec l’histoire du pays et de l’Eglise. Les Seychelles sont quand même extraordinaires pour la beauté de ses plages, l’environnement entre autres. Avant d’arriver aux Seychelles, j’avais pris connaissance des endroits comme la Vallée de Mai, que j’ai été heureux de visiter à plusieurs reprises.

 

Seychelles NATION : Maintenant à la retraite, que fera Mgr Wiehe et il sera où ?

Mgr Denis Wiehe : En ce moment, nous sommes dans le temps de l’Avent. Ce n’est pas seulement le temps pour préparer la célébration de Noël, l’Avent nous rappelle que Dieu vient tout le temps. Il vient dans notre vie et on ne finira jamais de répondre à l’appel de Dieu. Là je suis en situation où je cherche quel va être l’appel de Dieu pour moi. J’ai commencé à parler avec Monseigneur Harel et nous avons quelques idées. Je vais rester avec lui jusqu’à Noël, puis, en janvier je vais prendre un mois de congés mais après je compte retourner aux Seychelles et trouver un endroit pour m’installer et continuer mon ministère comme évêque à la retraite. Il est entendu que je n’aurai rien à faire avec l’administration du diocèse de Port-Victoria. Mon conseil pour les fidèles est de continuer de vivre une vie simple, d’accepter les autres et d’accepter les défis tout en restant dans le chemin de Dieu.

Seychelles NATION remercie Mgr Denis Wiehe pour son service à la communauté seychelloise et nous lui souhaitons une bonne retraite.

 

Vidya Gappy

 

Encadré

 

Les différents stages du service de Mgr Denis Wiehe : Aventures enrichissantes

Après mes études et mon ordination sacerdotale, ma première affectation était au collège du St Esprit, à Maurice. Nous étions 7 prêtres qui s’occupaient du collège. Avec Monseigneur Maurice Piat, nous étions en même temps enseignants à l’école et responsables des vocations au sacerdoce et la vie religieuse qui se faisaient à Vacoas.

Après 1982, il y a eu un appel spécial de la part de la congrégation des spiritains qui m’a demandé d’aller à La Réunion pour une année. Pendant cette période, au lieu d’aller en Europe pour la formation, les spiritains voulaient commencer une partie de la formation sacerdotale dans la région. De retour à Maurice, j’étais responsable du pèlerinage à Ste Croix avec le Père Gérard Guillemot. On s’occupait de la Paroisse de Sainte Croix et du pèlerinage au tombeau du Père Laval.

Encore une fois, en 1986 j’ai été appelé par la congrégation du spiritain, d’être membre du Conseil Général des Spiritains à Rome pendant six ans. On ne faisait pas parti du Vatican, on avait notre vie à nous mais nous gardions contact avec le Vatican. Cette expérience était très intéressante et cela m’a permis d’avoir une expérience mondiale grâce aux différentes visites aux missionnaires à travers le monde.

Avant de retourner à Maurice en 1992, on m’avait accordé six mois de recyclage et j’ai passé trois mois à Jérusalem où j’ai pris un cours sur l’ancien testament et trois mois aux Philippines.

En 1992, je suis rentré donc à Maurice pour prendre la responsabilité de la catéchèse diocésaine et de la formation des jeunes adultes. Là encore j’ai vécu une expérience très enrichissante pendant six années. Après cela, je suis retourné à la paroisse de Ste Croix où j’ai travaillé pendant une année. C’est alors, en mai 2001, que j’ai été nommé pour venir aux Seychelles.

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