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Presidency

Visite d’Etat du Président Wavel Ramkalawan à Maurice ‒ Conférence de presse |02 December 2020

Visite d’Etat du Président Wavel Ramkalawan à Maurice ‒ Conférence de presse

« C’est la qualité de notre politique étrangère qui va nous aider à trouver des solutions à nos problèmes »

 

Lundi dernier, lors de la deuxième journée de sa visite à Maurice, le Président Wavel Ramkalawan a rencontré la presse mauricienne et seychelloise à l’hôtel Sugar Beach. C’était une occasion pour un échange sur plusieurs sujets concernant les relations entre Victoria et Port Louis mais aussi les sujets ayant trait à la situation aux Seychelles.

Nous vous présentons l’essentiel de cette conférence de presse.

 

Question : Monsieur le Président, d’abord, pourquoi le choix de Maurice pour votre première mission officielle à l’étranger ?

Président Ramkalawan :C’est une façon de démontrer mon intérêt particulier pour la coopération régionale dans cette partie de l’Océan Indien. Avant d’aller dans d’autres pays, il est important de prendre contact avec ses partenaires de la région et c’est dans cette optique que j’ai tenu à visiter les bureaux de la Commission de l’Océan Indien (COI) et à rencontrer ses dirigeants. Et puis, il ne faut pas oublier que Maurice et les Seychelles sont des pays amis et qu’on formait une seule colonie britannique jusqu’à 1903. C’était donc tout naturel qu’on puisse partager et consolider cette amitié historique.

 

Question : Justement, comment faire comprendre au peuple seychellois la vraie importance de cette visite à Maurice ?

Président Ramkalawan :Ce que tout le monde doit comprendre c’est que notre pays n’est qu’un tout petit Etat. Nous ne pouvons pas nous concentrer uniquement sur nos affaires intérieures qui sont très importantes mais nous devons nous ouvrir sur la région et sur le monde. C’est la qualité de notre politique étrangère qui va nous aider à trouver des solutions à nos problèmes. Maurice est à côté de nous et abrite le siège de la Commission de l’Océan Indien. On a de grandes perspectives de coopération dans le domaine de l’éducation, la santé, l’industrie, le commerce et tant d’autres secteurs. Nous avons par exemple deux de nos navires du Coast Guard qui sont en maintenance à Maurice actuellement. Il nous faut rechercher les moyens pour créer des facilités de ‘dry-docking’ aux Seychelles avec l’aide de nos pays amis. Nous devons avoir un esprit ouvert sur l’extérieur et ne pas nous renfermer sur nous-mêmes.

 

Question : La COVID-19 frappe nos deux pays de plein fouet. Comment la coopération régionale pourra soulager cette situation de crise ?

Président Ramkalawan :Tous les deux pays ont été sévèrement affectés par cette pandémie et le tourisme encore plus par sa nature qui implique le déplacement de dizaines de milliers de personnes à travers les frontières. Nous avons malheureusement noté une baisse de 73% des arrivées des touristes aux Seychelles et Maurice souffre également de cette situation. C’est peut-être une chance pour nos deux pays de diversifier notre économie, car trop longtemps nous avons mis les œufs dans le même panier. C’est pourquoi j’accorde une grande importance au développement de la pêche aux Seychelles et comment Maurice pourrait être un partenaire plus actif dans la réalisation de notre concept de l’Economie Bleue. Mais sur un plan plus général, je suis confiant que Maurice et les Seychelles vont sortir de cette crise, car nous sommes deux pays très résilients.

 

Question : Maurice et les Seychelles ont signé deux protocoles d’accord lundi. Comment faire pour que ces documents ne restent pas lettres mortes et qu’ils soient vraiment mis en action ?

Président Ramkalawan :C’est précisément un point que j’ai discuté avec le Premier Ministre (Pravind) Jugnauth lors de ma rencontre avec lui. Il faut cesser avec cette pratique ou un protocole d’accord n’est qu’un document très bien rédigé mais qu’il aille ensuite dormir dans un tiroir. Depuis mon élection comme President, j’ai bien fait comprendre au gouvernement qu’il faut impérativement passer à l’action. Ce sera donc ce principe qu’on va appliquer aux deux accords qu’on a signés lundi. Je veillerai personnellement à ce que le contenu de ces documents soit traduit dans la réalité par des actions concrètes. J’ai aussi confiance que ce sera la même démarche du côté de Maurice.

Question : Pour le faire, n’est-ce pas nécessaire d’avoir des liens diplomatiques au niveau des ambassadeurs entre les deux pays pour justement assurer un suivi serre de ces dossiers ?

Président Ramkalawan :Avec la crise de la Covid-19 et ses conséquences désastreuses sur notre économie, nous essayons de réduire le nombre de nos ambassades à l’étranger. Donc, pour le moment, la création d’une ambassade seychelloise à Maurice ne se pose pas. Mais il ne faut pas oublier que Maurice n’est qu’a deux heures et demie des Seychelles par avion, la même distance entre deux grandes villes dans beaucoup de pays. Avec les moyens de communication digitale que nous avons, le suivi peut se faire d’une façon très efficace.

 

Question : Vous êtes arrivée au pouvoir après 43 ans tout en connaissant la dure réalité de l’opposition. Comment allez-vous changer les Seychelles avec la même administration et les mêmes personnes qui étaient là avant votre élection ?

Président Ramkalawan :Vous savez les fonctionnaires ont toujours suivi les directives et les ordres du gouvernement du jour. Trop longtemps dans le passé, les fonctionnaires n’ont fait que ça. Cependant, aujourd’hui avec la nouvelle direction à la tête du pays, on demande à ces mêmes fonctionnaires de faire preuve d’initiatives positives et de participer à l’épanouissement du peuple. Par exemple, au niveau de la Présidence, je n’ai pas changé une personne depuis mon installation. Le changement s’est opéré presqu’immédiatement car la communication avec moi est plus fluide et tout le staff comprend que j’accueille leurs initiatives. Je constate déjà un grand changement dans le travail de tous les jours. C’est cela que nous avons besoin à tous les niveaux dans les ministères, nos administrations et dans nos agences.

 

Question : Vous êtes aussi un prêtre anglican. Comment conciliez-vous votre vie religieuse et la politique qui est souvent considéré comme un monde qui est sale ?

Président Ramkalawan :C’est justement pour cette raison que je suis un prêtre qui fait de la politique. Si les personnes qui ont des convictions sincères, des comportements irréprochables et des valeurs n’entrent pas en politique, comment allons-nous la nettoyer ? Ce sont les personnes de bonne volonté qui doivent venir lutter contre la corruption et les gaspillages pour nettoyer le monde politique. Le peuple seychellois m’a élu avec 55% des suffrages et a donné une majorité absolue à mon parti à l’Assemblée Nationale. C’est précisément le mandat qu’il nous a accordé pour effectuer ce nettoyage. En ce qui concerne ma vie religieuse, il faut préciser que je suis toujours un prêtre anglican qui pratique son ministère. Le 26 octobre, après mon élection, j’ai présidé la cérémonie de l’eucharistie à l’église. Tous les dimanches je bénis les enfants à l’église et pour Noël, je vais encore présider la messe dans ma paroisse. Et là je dois faire clairement ressortir que je suis avant un prêtre anglican et ma mission politique passe après. Mon ministère est le premier appel et cela ne va jamais changer.

 

Question : Vous venez de décider qu’il n’y aura pas de 13ème mois de salaire, n’est-pas une décision difficile ?

Président Ramkalawan :Justement, c’est une décision très difficile, mais je ne veux pas faire de politique avec de telles décisions. Voilà un exemple de la politique différente que nous voulons suivre. Moi, je veux parler le langage de la vérité avec le peuple. Si on n’a pas l’argent, on ne peut pas payer. C’est ce langage de la vérité que j’ai demandé à tous les ministres quand ils ou elles vont à l’Assemblée Nationale.

 

Propos recueillis par Richard Ramasawmy

 

 

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