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Domestic

Lettre au rédacteur en chef |20 November 2020

Un regard d’observateur sur la rubrique de Francis Herbet

 

En s’empressant de faire l’éloge de Bill Clinton et de Barack Obama « qui se sont distingués par des actions spectaculaires pendant leur mandat », et de s’apitoyer sur le passé de leur héritier présomptif à la Maison Blanche, Francis Herbet, dans sa dernière rubrique – somme toute excellente tout comme les précédentes – omet de mentionner le « palmarès » de ces derniers.

L’article intitulé « Apres l’élection triomphale de Wavel Ramkalawan à la présidence de la République » paru dans Seychelles NATION en date du 17 courant.

Quel bilan tirer de la présidence de ces deux hommes jadis les plus puissants de la planète, pourtant anti-guerre, dont les prises de position ont valu à Obama surtout le prix Nobel de la Paix en décembre 2009 ? 

 Actions spectaculaires ? Certes. Mais le bilan en est tout autre : démembrement de la Yougoslavie, poursuite de la guerre en Irak et en Afghanistan, frappes aériennes par drones en Somalie et au Pakistan, bombardements au Yémen (50 000 civils tués et 10 millions de personnes faisant face à la précarité alimentaire selon Human Rights Watch), bombardement de la Lybie et intervention directe dans la guerre civile dans ce pays, jadis le pays le plus prospère d’Afrique selon l’Indice du développement humain de l’ONU, le réduisant ainsi à un Etat déliquescent. (Faut-il rappeler ici l’exultation de Hilary Clinton à l’annonce du meurtre de Kadhafi, « nous sommes venus, nous avons vu, il est mort » ?) N’oublions pas non plus les tentatives de renversement du régime en Syrie (bottes au sol et frappes aériennes à l’appui), Maidan 2014 en Ukraine (et les paroles obscènes prononcées alors par la Sous-secrétaire d’Etat Victoria Nuland à l’encontre de l’UE !), coups d’Etat orchestrés et ratés (heureusement) de part et d’autre, parrainage, qu’on le veuille ou non, de l’Etat Islamique … Faut-il ajouter davantage à leur bilan d’exploits ? Sauf pour y souligner la complicité de Joe Biden, soit comme sénateur ou en tant que vice-président. D’ailleurs, tout comme ses prédécesseurs, ce dernier compte nommer des « faucons » du complexe militaro-industriel à la tête du Pentagone une fois arrivé à la Maison Blanche.

 Quant à Svetlana Tikhanovskaïa, l’opposante d’Alexandre Loukachenko et icone célèbre de l’Occident, elle ne fait pas l’unanimité à Minsk. Certes, les Biélorusses, dans leur grande majorité, en ont marre de cet homme qui est loin d’être un enfant de chœur et qui dirige le pays depuis 24 ans. Ils souhaitent ardemment un changement. Toutefois, ils ont en mémoire la récente Maidan 2014 et le sombrement de leur voisin, l’Ukraine, dans une situation financière et socio-économique des plus désastreuses. A cela s’ajoute, pour les plus âgés tout au moins, la mémoire douloureuse de l’occupation nazie de leur pays. Et l’usage du drapeau de Pahonie, jadis brandi par les occupateurs et collaborateurs nazis, pendant les manifestations contre le cacique de Minsk ne va pas sans accentuer les clivages dans les rangs de l’opposition biélorussienne.

 Pour ceux qui l’ignorent, Pahonie ou le Vytis, était le drapeau utilisé par les armées du grand-duché de Lituanie. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle et son annexion par l'Empire russe, le grand-duché de Lituanie et les États qui lui succédèrent employèrent cela comme leur drapeau. Une référence qui équivaut à un chiffon rouge agité devant la Russie.

Enfin, quant à Sylvestre Radegonde, l’approbation à l’unanimité par l’Assemblée Nationale de sa nomination suffit à démontrer à quel point ses qualités de diplomate habile et chevronné sont appréciées au-delà de tout clivage politique.

 

Alain Butler Payette

 

 

 

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