Follow us on:

Facebook Twitter LinkedIn YouTube

Archive -Obituaries

Mon hommage au Président Mancham |12 January 2017

 

J’ai connu Sir James Mancham, ou ‘Ton Jim’ comme j’ai pris l’habitude de l’appeler, dès petit, en l’entendant parler à la radio et surtout de ses photos qui ornaient la maison. Ma mère prit le temps de m’expliquer ce qu’il était, avant que j’eus la surprise de le connaître personnellement quand un beau jour, dans sa Rolls Royce décapotable, il vint rendre visite à mes parents. Ce qui me surprend encore quand j’y repense aujourd’hui, c’est qu’il rendait également visite à des voisins sympathisants de M. Albert René, son adversaire politique de l’époque. Dans le voisinage, on l’appela alors aussi ‘Papa La barbe’.

Malgré mon très jeune âge, je développais une affinité pour le président Mancham, que le coup d’état du 5 juin 1977 me rendit dépressif pendant plusieurs jours. Malgré le couvre feu, mon père prit le risque de me transporter à la Clinique d’Anse Royale. Pendant ses 15 années d’exil en Angleterre, un des rares contacts que nous ayons avec lui fut une cassette vidéo qu’il nous envoya un jour. Toute la famille ainsi que des voisins se rassemblèrent alors dans le salon pour revoir le fameux visage barbu, portant malgré sa mélancolie évidente, toujours un large sourire.

En 1992, j’eus le privilège d’être parmi les premiers Seychellois à rencontrer M. Mancham avant son retour d’exil le 12 avril de la même année. Avec d’autres nostalgiques du Parti Démocratique (DP) qu’on préparait à relancer, je passais les fêtes du Nouvel An avec lui. Comble de l’histoire, ça fait 25 ans presque jour pour jour !

Et 16 ans après que je l’avais connu pour la première fois, l’Homme me fit les mêmes bonnes impressions de part sa sagesse, grandeur d’esprit, humour, générosité, sens de la liberté, de la démocratie et du pardon ainsi que le respect pour le droit de l’individu. C’est pour cela que j’acceptai d’être candidat du Parti Démocratique à Takamaka, aux élections législatives de 1998.

Pendant toutes ces années jusqu’il y a quelques jours, j’ai passé des moments privilégiés en présence de notre président fondateur. Je me souviendrai aussi de ses leçons de vie qui m’ont servi de formation civique, de ses nombreuses anecdotes et surtout de ses poèmes que souvent, j’eus le privilège d’en savourer la primeur.  

Tout petit que je me sentais et faisais devant lui, il réussit par sa grande humilité, à rendre réciproques cette intimité et estime : Il m’appelait « Paddy » comme mes plus proches et du jour, reste la personne à m’avoir fait le plus beau compliment.

« Il a le profil d’un futur ministre de la Culture », écrit-il à mon égard dans une édition de ‘Seychelles Review’ en 1998.

Ce n’est pas moi qui l’ai dit, et je n’en aspire pour autant. Moi je dis plutôt que le plus grand ambassadeur de notre culture, ce fut Sir James Mancham lui-même.

Le Premier Président, le premier à non seulement travailler, mais aussi vivre à State House, y sera  inhumé ce jeudi 12 janvier au cimetière se trouvant dans le jardin.

En toute reconnaissance, je dédie aussi un poème au Premier Président.

 

Premier Président

Cher Monsieur le Président

Je me prosterne humblement

Pour vous rendre  ce dernier et modeste hommage

Dans la belle langue qui vous a été chère

Celle du beau pays qui vous a fait Chevalier d’honneur,

Comme l’Angleterre, vous a fait Sir.

Ainsi, en relisant de votre illustre existence les belles pages

Malgré de profonde tristesse mon pauvre cœur envahi

Il se permet de réjouir que ne fut que de grandes Premières, votre si belle vie.

Malgré les éloges et les gloires, de se rappeler

On n’aura jamais fini, que dans votre pays, vous avez toujours été… le Premier

Les Premières, on peut les chanter comme une belle chanson sans fin

La longue liste peut résonner à jamais comme un si long refrain

Et on n’aura jamais fini de toutes les rappeler, de toutes les citer…

Dirigeant de parti politique… Premier

Premier Député

Sir James… Premier

Premier Chef Ministre

Premier Premier Ministre

Premier Président

De notre pays indépendant.

Hélas, Premier Président renversé et exilé,

Mais parcours de l’histoire, de Dieu la volonté

Pour faire de vous Premier apôtre de la réconciliation,

Comme St. James premier prophète martyr,

Au pouvoir, vous osez humblement la renonciation

Pour ramener le pays bien aimé,

A la raison et à la paix

Pour libérer ton peuple de la peur.

Et on aura oublié, que vous étiez aussi Docteur

Si du monde vous l’avez été pour la coexistence pacifique des nations

Aux Seychelles, on vous doit la pacifique cohabitation

Dont savourent fièrement aujourd’hui

Ceux qui naguère malheureusement, ne vous ont pas compris.

Dans vos mémoires pour cette belle nation, sa postérité

De vos empreintes de  grand poète et d’écrivain, vous aurez tout gravé.

Monsieur le Président

Le Premier de nos Présidents

Même dans votre éminente absence

Nous célébrerons encore plus fort, votre vie, votre puissance.

Car, quand nous vous accompagnons vers votre dernière demeure

Votre demeure de Premier Président, justice est faite à la dernière heure,

Rattrapée par la triste réalité d’hier.

Cette solennité, est encore une grande Première,

Signe vivant que vous ne serez jamais mort

Mais que toujours plus fort

Vous serez à jamais, le Premier.

Et ce grand pays que vous avez dignement bâti,

Que vous avez pourtant dit, trop petit pour être de division maudit

Ne sera jamais le dernier.

Car, pour reprendre votre plus belle citation

Dans votre plus ambitieuse des visions

« Nous ne voulons pas de Bamako

Nous voulons de Monaco ! » 

Au revoir Monsieur le Président

Le premier des Présidents.

 

Michel Paddy Savy, 9 janvier 2017

 

 

 

» Back to Archive