Conférence de presse de l’ambassadrice et représentante spéciale de la lutte anti-piraterie : |12 February 2015
« La France ne va pas se retirer de l’Opération Atalante »
Suite aux rumeurs circulant et indiquant que La France comptait se retirer de l’Opération Atalante par laquelle l’Union Européenne (UE) porte son soutien aux pays de l’Océan Indien dans la lutte contre la piraterie maritime, ce pays a donné son assurance que ceci est loin d’être le cas.
L’engagement a été fourni dans la forme d’une déclaration faite par l’ambassadrice française et représentante speciale chargée de la coordination de la lutte contre la piraterie maritime, son excellence Mme Véronique Roger-Lacan. Elle parlait lors d’une conférence de presse lundi soir, suite à la réunion ministérielle de deux jours de l’Union Africaine (UA) sur les leçons tirées de la lutte contre la piraterie à l’Hôtel Savoy de Beau Vallon ; réunion tenue en présence de partenaires internationaux dans le cadre de cette lutte.
« La France est à l’origine de cette idée de coopération avec nos partenaires européens et nous avons été parmi les rares pays européens à être présent sur le terrain militaire avec entre un et cinq bâtiments. En aucun cas nous pouvons laisser dire que la France va se retirer car elle est toujours présente », a dit Mme Roger-Lacan.
Elle a tenu à préciser que même si le mandat de la force Atalante arrive à terme en 2016, la France sera toujours présente en tant que pays membre de la COI par le biais de La Réunion. Comme une autre preuve de présence et de rapprochement, elle a rappelé que les forces françaises basées à La Réunion, la FAZSOI, défilent à côté des forces seychelloises lors du défilé de notre fête nationale.
« Je veux rassurer et rappeler que non seulement nous ne partons pas de la zone, nous y sommes. Nous faisons partie de la COI et il est hors de question que nous abandonnions nos responsabilités. Nous les assumons totalement », a assuré l’ambassadrice.
Se prononçant sur le maintien éventuel de la force européenne au delà de l’échéance 2016, la représente spéciale a avancé que même si les opérations des forces de l’UE ont été renouvelées jusqu'à cette date dans le cadre de l’accord renouvelable tous les deux ans, il faut maintenant observer la tendance au niveau de la piraterie elle-même. Elle a ajouté qu’il faut réfléchir à la manière de tenir compte d’un nouveau contexte stratégique pour maintenir une présence reformulée et remodelée de la capacité dans l’Océan Indien et continuer le travail avec les Etats de la région.
« Nous avons tous une responsabilité conjointe à gérer ce bien commun », a-t-elle insisté.
Responsabilité qui concerne aussi la Somalie et le retour de l’état de droit dans ce pays comme elle n’a pas manqué de souligner :
« On compte beaucoup sur l’engagement des autorités somaliennes à traiter cette question ».
Parlant spécifiquement de la conférence à laquelle elle venait d’assister, la déléguée de la France a dit qu’il était justement important pour les Français d’être ici « pour être au fait avec les travaux effectués par les autorités et les gardes côtes seychelloises dans la lutte contre la piraterie ». Elle a rajouté qu’il était en plus nécessaire de réaffirmer la présence de La France et renouveler son support avec les Seychelles et l’Union Africaine non seulement dans la lutte anti-piraterie, mais pour d’autres formes de crimes comme les trafics de drogue et humain.
La représentante spéciale a affirmé que pour réussir, le volet diplomatique est insuffisant. Dans ce cas, elle a accentué non seulement sur les voies policières et judiciaires, mais également sur toutes les administrations.
« La criminalité maritime est un dossier complexe et pour être efficace il faut mobiliser toutes les administrations concernées dans le même temps et en temps réelle : la marine, les douanes, la police toutes les composantes de l’état », a-t-elle précisé.
C’est en ces termes que Mme Roger-Lacan a résumé les résultats de ces deux jours de discussions :
« Ils ont permis aux partenaires de se mettre d’accord sur des réflexions à mener en commun afin que le partenariat entre l’UA et la communauté des Etats partenaires puissent se mettre en place pour faire de sorte que la sécurité et la sureté maritime en Afrique soient gérées et que nous puissions lutter contre l’insécurité maritime et assurer la liberté de naviguer et de commercer ».
Concrètement, elle a parlé d’un centre de conduite des opérations et d’échanges information dans le sud de l’Océan Indien. Ceci va s’ajouter à un centre régional de formation qui existe déjà à Djibouti et trois autres de partage d’informations maritimes à Sana (Yémen), Mombasa (Kenya) et à Dar es Salaam (Tanzanie).
« Toutes ces capacités sont des capacités clés pour la gestion autonome à l’avenir », a-t-elle averti.
Maintenant que l’activité maritime dans l’Océan Indien semble être sous contrôle, quels sont les défis à relever ? L’ambassadrice et représentante spéciale contre la piraterie pense qu’il faut traquer les commanditaires de la piraterie qui peuvent désormais se vouer à d’autres pratiques comme le trafic de drogue, d’humain, et d’armes. Elle précise qu’ils peuvent aussi blanchir leur argent dans d’autres activités légales.
« La question est de savoir où ils sont, que font-ils et est-ce qu’ils vont recommencer la piraterie», s’est-elle interrogée.
Elle juge qu’il faut également se remettre en question et revoir les facteurs à succès dans la lutte anti-piraterie.
« En 2013 et 2014 il n’y a pas eu d’attaque. Est-ce que c’est un succès des opérations navales internationales qui ont été montées des armateurs qui ont mis en œuvre des règles de bonne pratique notamment l’utilisation de gardes armés, ainsi que les Etats de la région qui ont mis en œuvre chacun à la mesure de ses moyens beaucoup de capacité pour traiter la question ? », s’est-elle questionnée.
Une diminution des activités ne représente pas pour autant la fin de la criminalité maritime. Mme Roger-Lacan a profité pour attirer l’attention sur une augmentation de prises de bateaux dans le Golfe de Guinée rajoutée à un trafic humain dans la Méditerranée. Elle a rappelé que des pirates de pétrole opèrent également des ports nigérians, nécessitant la mise en place d’une coopération policière et judiciaire pour le Nigéria et les pays riverains. Dans un sens général, elle a noté que là où les lois existent, il faut encore assurer que les juges soient suffisamment formés pour les mettre en œuvre.
« C’est le développement de l’Africain qui est en cause et les Etats côtiers doivent assurer, dans l’intérêt de leur population, que les zones maritimes sont des zones sures dans lesquelles la liberté de naviguer et de commercer est assurée », a-t-elle conclu.
La représentante de La France n’a pas manqué de remercier les Seychelles pour avoir pris en main une grande partie du dossier qui est le jugement des pirates, grâce à l’accord de transit signé avec l’UE. D’après elle, le fait que les Seychelles aient pu délivrer des mandats d’arrêt internationaux contre des commanditaires de la piraterie est un élément stratégique de la gestion de cette crise.